Le 1er juillet est une date où, traditionnellement, les déménagements sont nombreux. Mais cette année encore, il y a fort à parier qu'il y aura beaucoup moins de jeunes qui quitteront le domicile familial qu'il y a quelques dizaines d'années.

Une étude de Statistique Canada publiée en juin prouve hors de tout doute que la tendance ne se dément pas. La proportion de jeunes de 20 à 29 ans qui vivent chez leurs parents a grimpé, en 30 ans (de 1981 à 2011), de 27 % à 42 %.

Parmi les jeunes de 20 à 24 ans, près des deux tiers des hommes (64 %) et plus de la moitié des femmes (55 %) n'avaient pas encore quitté le nid familial en 2011.

Ce phénomène a été baptisé « Tanguy », du nom du film français dans lequel des parents excédés décident de faire la vie dure à leur jeune de 28 ans pour le forcer à quitter leur logement.

Le phénomène Tanguy a donc une connotation généralement négative au sein de plusieurs de nos sociétés. Au Japon, on surnomme même ces jeunes : « célibataires parasites ».

Il faut pourtant respirer par le nez. La situation au Canada et au Québec n'a rien d'inquiétant.

Même que pour bon nombre de familles, c'est loin d'être une mauvaise nouvelle si les jeunes volent moins rapidement de leurs propres ailes.

D'abord, notons que le phénomène ne signifie pas nécessairement ici, contrairement à ce qui se passe dans plusieurs pays européens, que trop de jeunes n'arrivent pas à intégrer le marché du travail.

Il est vrai que le coût des logements (achat ou location) a augmenté de façon considérable au pays, particulièrement dans les grandes villes. Et qu'il y a un lien indéniable entre cette hausse et celle du nombre de jeunes qui demeurent chez leurs parents ou retournent y vivre après une certaine période d'autonomie résidentielle.

Mais il y a aussi d'autres raisons plus constructives.

Une des hypothèses de Statistique Canada est que de nos jours, « les parents s'attendent à aider financièrement les jeunes adultes qui habitent avec eux en ce qui a trait au coût des études postsecondaires ». Ce qui encourage vraisemblablement les jeunes d'aujourd'hui à poursuivre leurs études plus longtemps et, potentiellement, à ne pas devoir travailler de façon démesurée en étudiant.

Il faut s'en réjouir, car ils pourront mieux tirer leur épingle du jeu sur le marché du travail.

Parallèlement, les jeunes qui demeurent chez leurs parents sont plus susceptibles de pouvoir prendre le temps de trouver un « emploi convenable ». C'est que pendant leur quête, leurs parents « continuent d'être une source de soutien émotionnel, financier et autre », estime l'agence fédérale. Ça aussi, c'est tant mieux. Ce soutien est précieux.

Par ailleurs, certains jeunes repousseront leur départ de quelques années afin de mettre de l'argent de côté. Pour l'achat d'une première maison, par exemple. Leur indépendance financière viendra plus tard, mais sera probablement moins précaire.

Soyons donc indulgents envers ces jeunes qui ne déménagent pas aussi rapidement qu'auparavant. En général, il faut le voir non comme une relation de dépendance avec leurs parents qui s'étire trop longtemps, mais bien comme une stratégie familiale qui, dans la société d'aujourd'hui, comporte de réels avantages.

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