Plus de 11 000 véhicules électriques immatriculés au cours des trois premiers mois de l'année 2016, soit un sur quatre. N'est-ce pas la preuve que le plan d'électrification des transports est sur la bonne voie ?

Le problème, c'est que ces chiffres ne sont pas ceux du Québec, mais bien de... la Norvège. Sur les routes de ce pays scandinave, on dénombrait déjà 70 000 véhicules électriques à la fin de l'an dernier. On vient même d'annoncer qu'on songe à y interdire la vente de véhicules à essence dès 2025.

Bien sûr, la Norvège est pour l'instant, dans le monde, l'exception qui confirme la règle. Un pays qui se classe parmi les 10 premiers producteurs d'électricité et qui a décidé de prendre la tête d'une véritable révolution pour ce qui est de l'électrification des transports.

Quand on compare le Québec (pourtant quatrième producteur mondial d'électricité) à la Norvège en la matière, on se désole.

Il n'y a actuellement que quelque 10 000 véhicules électriques sur nos routes, soit 0,2 % de tous ceux qui sont en circulation. Et on n'arrive pas encore à convaincre une masse critique d'automobilistes de se laisser tenter par ce virage vert.

Les raisons de ces hésitations sont multiples. Du faible prix de l'essence au prix élevé des véhicules électriques en passant par leur autonomie (pourtant en constante progression) et les préjugés négatifs qu'on entretient encore à leur sujet. Sans compter le fait que le réseau de bornes de recharge publiques laisse encore à désirer, Québec n'ayant pas fait ses devoirs assez rapidement.

Il existe un autre obstacle de taille qui freine l'essor des véhicules électriques : tenter d'en acheter un s'apparente encore trop souvent une course à obstacles au Québec. L'offre est limitée, et les concessionnaires mettent généralement des bâtons dans les roues des futurs acheteurs.

D'où l'idée du projet de loi 104, « visant l'augmentation du nombre de véhicules automobiles zéro émission au Québec », présenté au début du mois de juin à l'Assemblée nationale. Il s'agit d'une initiative essentielle et incontournable.

Au coeur de ce projet de loi : le désir de forcer les constructeurs à atteindre une cible de vente pour les véhicules électriques en les pénalisant financièrement si leurs objectifs, déterminés au préalable par Québec, ne sont pas atteints. Ils devront, le cas échéant, verser une « redevance » au ministère de l'Environnement.

Cette façon de procéder a fait ses preuves dans plusieurs États américains. Ceux-ci ont compris que pour faire changer le système, les élus doivent se donner la possibilité d'utiliser à la fois carotte et bâton. L'actuel gouvernement du Québec a raison de vouloir les imiter, malgré les récriminations de certains trouble-fêtes.

La transition vers les véhicules électriques est irréversible. S'il y a un endroit sur la planète où ce virage s'avère possible et payant, c'est le Québec.

Un virage d'autant plus sensé qu'Hydro-Québec prévoit des surplus d'électricité à long terme.

La bonne volonté du gouvernement du Québec dans ce dossier est manifeste. Mais elle ne suffit plus. L'heure est venue de multiplier les gestes concrets qui permettront aux véhicules électriques d'envahir nos routes et au Québec de rouler vers l'avenir.

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