Voir le chantier devant lequel les commerçants de la rue Saint-Denis se trouvent ces jours-ci et savoir qu'ils ne s'en sortiront pas avant novembre (au mieux), c'est avoir l'impression que la Ville de Montréal tire sur l'ambulance.

Car avant même ces travaux, plusieurs commerces de cette artère montréalaise jadis si prisée souffraient déjà. Certains étaient en difficulté, d'autres avaient carrément fermé leurs portes.

Ces commerçants, comme bien d'autres, sont frappés de plein fouet par la crise que traverse le commerce de détail. Parmi les coupables : l'engouement pour le commerce en ligne. On a souligné récemment dans nos pages la fermeture d'Altitude Sports, boutique de plein air située rue Saint-Denis depuis 1984. Les propriétaires de l'entreprise expliquaient que, dans la foulée de leur virage web, ce magasin ne représentait maintenant que 2 % de leur chiffre d'affaires.

Ajoutez aux problèmes structurels le chantier en cours dans la rue Saint-Denis et vous comprendrez pourquoi les commerçants de cette artère ont lancé un appel à l'aide en début de semaine.

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La Ville ne s'acharne pas sur ces commerçants. Le chantier était nécessaire et a été annoncé à l'avance. Aussi, l'administration de Denis Coderre semble réellement préoccupée par leur sort.

Non seulement les taxes des immeubles commerciaux n'augmenteront pas autant que prévu cette année, mais un groupe de travail sur la fiscalité du secteur non résidentiel a été formé et devrait offrir un rapport - qui, de grâce, ne doit pas finir sur une tablette - sous peu.

La Ville a aussi construit une terrasse rouge, qui sera animée bientôt, comme c'était le cas l'automne dernier. Une façon originale de montrer que les commerces de la rue son non seulement ouverts et accessibles, mais encore plus accueillants - clients potentiels, sachez-le !

Enfin, l'administration municipale a créé le programme Artères en chantier, qui offre plusieurs millions pour des mesures visant à faire grimper la fréquentation lors de travaux majeurs. Incluant des subventions pour rénover la façade des immeubles et les boutiques.

Malgré toutes ces initiatives, les commerçants de la rue Saint-Denis demeurent pénalisés de façon injuste par le chantier actuel.

On signale déjà, depuis le début des travaux, une baisse marquée de la fréquentation et une hausse du taux d'inoccupation (passant de quelque 15 à environ 25 %, selon la Société de développement commercial Pignons rue Saint-Denis).

Bref, il y a moins de clients et les commerçants se retrouvent avec moins d'argent dans leurs poches.

Si rien d'autre n'est fait, la rue aura du mal à s'en remettre. Parlez-en aux commerçants du boulevard Saint-Laurent. Les cicatrices provoquées par la réfection majeure de leur artère (terminée en 2008) ont mis du temps à se refermer et la situation demeure fragile.

Dorénavant, Montréal peut et doit faire mieux. Faire preuve d'encore plus de créativité et trouver des solutions innovatrices pour freiner la baisse de fréquentation des commerces et atténuer son impact. Tant pour la rue Saint-Denis que pour les autres artères commerciales qui font les frais de chantiers en cours et à venir. Il n'y a pas de temps à perdre.

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