Barack Obama ne présentera pas ses excuses au peuple japonais lorsqu'il visitera Hiroshima, lieu de l'explosion d'une des deux bombes atomiques lancées par Washington sur le Japon en août 1945.

« C'est aux historiens de poser des questions et de les examiner », a-t-il dit. « Regrettable », a répliqué le quotidien Tokyo Shimbun, d'autant plus que le bombardement des deux villes « reste un acte inhumain qui n'a jamais été jugé ».

Mais les autorités américaines et japonaises ne semblent pas encore prêtes à rouvrir ce débat, et par conséquent ces plaies.

Il faut donc voir cette première visite d'un président américain (en fonction) à Hiroshima comme l'étape historique d'un processus qui semble encore loin d'un dénouement. Mais il faut aussi et surtout la comprendre comme un rappel important de la part d'un président qui a fait de la lutte contre la prolifération nucléaire son cheval de bataille.

Quelques mois après son arrivée au pouvoir, lors d'un discours à Prague, Barack Obama avait souligné « l'engagement des États-Unis » pour un « monde sans armes nucléaires ».

Depuis, il n'a pas fait que parler, il a agi. On se souviendra que le début de son premier mandat a été marqué par la signature d'un nouveau traité de désarmement nucléaire avec Moscou (à l'époque où le président Dmitri Medvedev était président et les relations avec la Russie étaient moins tendues). Selon cet accord, les deux pays ont chacun promis de réduire à 1550, au cours des prochaines années, leurs ogives nucléaires déployées avec des forces opérationnelles.

L'entente avec l'Iran en 2015, pour laquelle la Maison-Blanche a investi beaucoup d'énergie au cours des dernières années, aura par ailleurs permis de dissuader le pays - du moins pour l'instant - d'entrer dans le club des puissances nucléaires.

Barack Obama a également organisé quatre sommets sur la sûreté nucléaire au cours de sa présidence pour mobiliser la communauté internationale. Malgré tout, « le travail pour éviter une attaque nucléaire est loin d'être achevé », a-t-il été forcé de reconnaître le mois dernier, à l'issue de la plus récente de ces rencontres.

Car l'élan qui a permis de passer de 65 000 ogives nucléaires à la fin des années 80 à quelque 15 000 de nos jours a malheureusement été freiné.

Certains pays, dont la Corée du Nord, mais aussi la Chine, l'Inde et le Pakistan, semblent plutôt intéressés à faire avancer leurs programmes nucléaires, faisait remarquer l'an dernier le SIPRI, un institut de recherche suédois qui suit ce dossier de très près. Des pays inspirés, affirment certains experts, par le fait que tant la Russie que les États-Unis continuent de moderniser leur arsenal.

Cette tendance inquiétante n'est pourtant pas suffisante pour provoquer des efforts renouvelés visant à contrer cette surenchère.

Qu'Obama, en marge du sommet du G7 au Japon, visite un lieu aussi symbolique qu'Hiroshima fera la manchette d'un bout à l'autre de la planète. Il faut souhaiter qu'il puisse montrer la voie à d'autres chefs d'État et les convaincre de la nécessité d'oeuvrer avec plus de détermination pour le désarmement nucléaire.

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