Vingt-quatre heures après avoir été nommé ministre des Affaires étrangères en novembre dernier, Stéphane Dion avait déclaré : « Le Canada est de retour dans le monde. »

Six mois plus tard, force est de constater que le gouvernement libéral tient ses promesses. Sa participation mardi à Vienne à une réunion du Groupe international de soutien à la Syrie - une première - en était le plus récent (et retentissant) symbole.

Le rôle de ce groupe d'une vingtaine de pays est crucial : il tente de contribuer à la résolution du conflit syrien.

Le Canada a été invité à y prendre part par les deux pays qui le président, les États-Unis et la Russie.

C'est la suite logique d'une longue série de démarches entreprises par le gouvernement de Justin Trudeau pour montrer que ce genre d'efforts internationaux l'intéressait et qu'il était digne d'y participer.

La liste de ces démarches est déjà longue. On pense notamment à sa volonté d'aider les victimes du conflit syrien en accueillant rapidement quelque 25 000 réfugiés. Au sérieux manifesté dans la lutte contre le groupe État islamique (malgré la fin des bombardements aériens). Ou encore au réel regain d'intérêt pour le multilatéralisme en général et pour l'ONU en particulier, incluant un engagement renouvelé à l'égard des missions de paix.

Le multilatéralisme version Trudeau-Dion s'exprime aussi par un désir de réengagement « avec des pays avec lesquels le gouvernement Harper avait coupé les liens ». Au premier chef : la Russie.

On ne sait pas encore si c'est en raison du réchauffement entre Ottawa et Moscou que le Canada a été incité à participer aux pourparlers sur la Syrie, mais cela n'a certainement pas nui.

Et certains en ont conclu que c'est pour ne pas nuire à ce dégel que Stéphane Dion, la semaine dernière, a décidé de ne pas soutenir le projet de loi d'un député conservateur, destiné à sanctionner une poignée de responsables russes. Ceux-ci sont soupçonnés d'avoir été impliqués dans la mort en prison, en 2009, d'un avocat qui avait dénoncé une affaire de corruption présumée, Sergueï Magnitski.

Peu importe les raisons qui ont été à la source du refus de Stéphane Dion, il aurait certainement été mal avisé de braquer les projecteurs spécifiquement sur la Russie avec une telle loi. Le diplomate en chef du Canada a plutôt dit être en faveur d'une approche globale visant à sanctionner tous les étrangers (et pas seulement les Russes) accusés d'atteintes aux droits de la personne, mais qui sont protégés par les dirigeants de leurs pays respectifs.

On peut y arriver à l'aide d'amendements à la loi sur les mesures économiques spéciales, a confirmé l'ancien député libéral Irwin Cotler, qui a milité pendant plusieurs années pour qu'Ottawa sévisse contre les ressortissants étrangers responsables « de violer, à l'étranger, des droits de la personne reconnus à l'échelle internationale ».

De tels amendements sont nécessaires. Car un rapprochement avec Moscou ne doit surtout pas signifier que le Canada cautionnera dorénavant les errements et les délits des membres du régime de Vladimir Poutine.

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