Encore un texte sur la Syrie ?

Oui. Et on peut déjà prédire que ce ne sera malheureusement pas le dernier. La crise vient d'entrer dans sa sixième année et ne semble pas en voie de se régler.

On doit néanmoins, c'est essentiel, en reparler.

Il le faut, car un tel drame - le bilan actuel est de 270 000 morts - est si épouvantable qu'on peut avoir tendance à considérer les chiffres à ce sujet comme de simples statistiques. C'est pourtant une tragédie.

Un de ces chiffres a été mis en exergue cette semaine par l'UNICEF : le conflit touche maintenant 8,4 millions d'enfants syriens, c'est-à-dire 80 % des jeunes du pays. Il est impératif de s'en rendre compte -  et d'agir -, car la reconstruction éventuelle du pays, et par conséquent son avenir, passe par ses enfants.

Il faut aussi qu'on parle de la Syrie parce que cette guerre a déjà poussé plusieurs millions de personnes à l'exode (on a vu son effet déstabilisant sur plusieurs pays européens). Ce qui nous rappelle qu'à l'intérieur comme à l'extérieur du pays, les Syriens, enfants comme adultes, ont encore besoin de notre aide.

Reparler de la crise syrienne est crucial, car jusqu'ici, les sommes offertes ne sont pas à la hauteur des besoins.

L'UNICEF, par exemple, évalue ses besoins pour la Syrie en 2016 à 1,1 milliard... alors qu'elle n'a reçu pour l'instant que 74 millions.

Au Canada, l'exemple du Fonds de secours d'urgence pour la Syrie, mis sur pied par Ottawa, est révélateur. Le gouvernement fédéral s'était engagé à verser une somme équivalente à celle généreusement offerte par les Canadiens, jusqu'à concurrence de 100 millions.

L'appel aux dons devait se terminer à la fin de décembre, mais n'a pas été assez populaire : on n'avait recueilli que 12 millions. À titre de comparaison après le séisme en Haïti, les Canadiens ont donné 220 millions, une somme doublée par Ottawa.

Il faut également parler de la Syrie parce que, chose rare, on entend ces jours-ci le mot espoir. Un cessez-le-feu fragile, instauré le 27 février, tient le coup. Il donne la possibilité d'offrir de l'aide à des Syriens qui n'en avaient pas depuis trop longtemps.

Parallèlement, des pourparlers ont débuté lundi en Suisse. On l'a dit, la solution à cette crise ne sera pas militaire - sauf exception bien sûr de la lutte contre le groupe État islamique et les autres barbares qui se réclament d'Allah -, mais diplomatique.

Ce qui pose déjà problème, c'est qu'il faut, lors de ces discussions, qu'on parle du sort de Bachar al-Assad. Ce tyran n'a plus d'avenir à la tête de la Syrie. Et son allié russe - qui vient d'annoncer le retrait de la majorité de ses troupes sur le terrain - doit tout faire pour le convaincre qu'il doit céder le pouvoir à court terme.

En attendant le jour où les belligérants jugeront qu'ils n'ont plus d'autre choix que de négocier la paix, il faut continuer à parler de la Syrie.

Qu'en pensez-vous? Exprimez votre opinion