Il y a à peine plus d'un mois, le secrétaire d'État américain John Kerry a invité des représentants d'une vingtaine de pays à un sommet sur les changements climatiques en Alaska.

L'événement - en marge d'une visite de Barack Obama dans cet État - était crucial pour l'administration du président américain. Bon nombre de pays ont dépêché leurs ministres des Affaires étrangères sur place. Pas le Canada.

L'absence du ministre Rob Nicholson a été remarquée et décriée. Mais elle n'a pas dû surprendre outre mesure les organisateurs américains de la rencontre. Car si la planète se réchauffe, ce n'est pas le cas de la relation entre le gouvernement canadien et la Maison-Blanche.

Idéologiquement, Stephen Harper et Barack Obama semblent venir de deux planètes différentes. C'est certainement l'une des raisons pour lesquelles ils n'ont pas d'atomes crochus.

Mais on n'a jamais eu non plus l'impression que le premier ministre canadien a fait des efforts pour se rapprocher du président. Au contraire. Son attitude dans le dossier de l'oléoduc Keystone XL a, en ce sens, valeur de symbole : le Canada a eu l'air d'un fier-à-bras qui privilégie l'intimidation plutôt que la diplomatie. Notamment lorsque Stephen Harper a soutenu, lors d'une visite à New York en 2013, qu'un « non n'est pas une réponse acceptable » de la part de la Maison-Blanche.

Parallèlement, Ottawa avait tapissé les murs du métro de Washington de publicités où on lisait que le Canada est un « fournisseur privilégié de ressources énergétiques ». On a vu mieux en matière de subtilité.

À la décharge du premier ministre canadien, Barack Obama n'est pas du genre à entretenir des relations particulièrement chaleureuses avec les autres chefs d'État. On ne l'imagine pas jouer au golf avec Angela Merkel ou au basketball avec François Hollande.

Reconnaissons aussi que peu importe l'état de la relation entre Stephen Harper et Barack Obama, les liens entre nos deux pays demeurent nombreux et solides.

Cela dit, l'occupant de la Maison-Blanche et le premier ministre canadien ont souvent, dans l'histoire, fait des efforts particuliers pour avoir une relation plus que cordiale. C'est souhaitable. D'abord parce qu'un litige entre deux voisins se règle beaucoup plus facilement s'ils s'entendent bien. Ensuite parce que c'est un gage du rayonnement du Canada à Washington. Le pays a perdu du terrain dans la capitale américaine ces dernières années. Entre autres au profit du Mexique.

Il y a plus de 40 ans, le premier ministre canadien Pierre Elliott Trudeau avait comparé les États-Unis à un éléphant qui dort dans le même lit que le Canada. « On subit chacun de ses mouvements et de ses grognements », disait-il. C'est encore vrai aujourd'hui. Avis à celui qui sera à la tête du gouvernement canadien à l'issue du prochain scrutin : faire grogner inutilement cet imposant voisin est extrêmement contre-productif.

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