Il y a 11 ans ce week-end, Jamal Lewis remportait le match de football le plus important de sa carrière, le Super Bowl. Aujourd'hui, l'ex-porteur de ballon des Ravens de Baltimore se prépare à une autre confrontation d'envergure: sa poursuite pour négligence contre la NFL.

Aux États-Unis, plus de 300 anciens joueurs poursuivent la NFL pour avoir négligé de les informer des dangers des commotions cérébrales et ne pas avoir pris de mesures suffisantes pour les enrayer. La NFL, qui dément ses allégations, se défendra en cour. Le commissaire Roger Goodell a réitéré hier que la santé et la sécurité des joueurs étaient sa priorité.

Comme la NFL, la Ligue nationale de hockey (LNH) est aux prises avec une hausse de commotions cérébrales. Depuis un an, la LNH a modifié ses règlements pour interdire certains coups à la tête, en plus d'introduire un protocole d'évaluation des commotions durant un match. C'est un pas dans la bonne direction. Le problème, c'est que la LNH semble vouloir arrêter son chemin là. Elle s'entête à minimiser l'importance des commotions cérébrales. Même si son meilleur joueur Sidney Crosby est à l'écart du jeu depuis plus d'un an en raison d'une commotion. Même si l'ex-dur à cuire Derek Boogaard, 28 ans, souffrait d'encéphalopathie traumatique chronique quand il est mort d'une surdose de médicaments et d'alcool l'été dernier. Même si Ken Dryden, citant l'exemple des travailleurs de l'amiante et des fumeurs, implore le commissaire Gary Bettman d'agir avant qu'il ne soit trop tard.

Après l'ancien gardien du Tricolore, c'est au tour d'un autre pilier du sport au Canada, l'avocat montréalais Richard Pound, de dénoncer l'attitude de la LNH, qui attribue la hausse des commotions cérébrales à des accidents hors de son contrôle. «C'est idiot (de dire ça), dit Richard Pound à La Presse. Crosby s'est fait viser la tête. J'étais au Centre Bell lors de l'incident Chara-Pacioretty et c'était aussi un coup prémédité.»

Pour Richard Pound, la solution est très simple. «Vous pouvez arrêter les coups à la tête au hockey demain matin en imposant une suspension d'un an pour un coup à la tête, dit M. Pound, qui prône l'abolition des bagarres. Les joueurs apprendront.»

Maintenant que les risques sont connus, les athlètes professionnels y consentent-ils automatiquement en pratiquant leur métier? Selon un sondage de l'Associated Press, la moitié des joueurs de la NFL préfèrent taire une commotion cérébrale plutôt que de se soumettre au protocole de la ligue. Les tribunaux pourront un jour régler ce débat juridique, mais ils ne pourront jamais remédier complètement aux problèmes de santé des athlètes.

Au hockey, il est possible de resserrer les règlements et d'imposer des suspensions draconiennes comme le suggère Richard Pound. Au football, le défi est plus ambitieux en raison de la nature du sport, c'est vrai. Mais peu importe les millions dans leur compte de banque, ces gladiateurs des temps modernes ne peuvent être laissés à leur propre sort.

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