Le chef de l'opposition de Montréal, Benoit Labonté, a surpris tout le monde la semaine dernière en proposant que la métropole québécoise accueille l'Exposition universelle de 2020. Tel un ancien athlète qui plonge dans sa malle à souvenirs et en ressort un vieux trophée du tournoi de football de l'école secondaire, M. Labonté a brandi de vieux passeports d'Expo 67 pour rappeler le lustre et le succès suscités par cet événement extraordinaire.

M. Labonté est convaincu que le miracle pourrait opérer une autre fois.

Une exposition universelle, insiste-t-il, serait la meilleure solution pour sortir Montréal de sa torpeur.

M. Labonté établit un bon diagnostic - il est vrai que Montréal est un peu morose et aurait besoin d'un grand projet mobilisateur - mais le chef de l'opposition n'a pas le bon remède.

L'Expo 67 a été un moment unique dans l'histoire du Québec et de Montréal. L'événement s'est tenu à une époque où la société était en ébullition et faisait preuve d'une grande et nouvelle ouverture sur le monde.

Si on voulait caricaturer un peu, on pourrait dire qu'en 1967, la majorité des Montréalais n'avaient jamais vu un turban ou une djellaba de leur vie, que le seul accent exotique qu'ils avaient entendu était l'accent français, et que leur horizon gastronomique se limitait aux pâtes et aux mets chinois offerts dans les restaurants de cuisine canadienne.

C'est effectivement Expo 67 qui a contribué à changer tout cela, qui a permis à Montréal de devenir une vraie métropole.

Mais le Montréal d'aujourd'hui n'a plus grand-chose à voir avec celui des années 60. Le voyage s'est démocratisé et tout un pan de la classe moyenne voyage beaucoup plus qu'il y a 40 ans. L'immigration a profondément modifié le visage de la ville. Aujourd'hui, un Montréalais en manque d'exotisme ou de diversité culturelle peut toujours aller se balader dans Parc-Extension, à Brossard ou dans la Petite Italie. Il n'a pas besoin d'une exposition universelle pour s'ouvrir sur le monde.

D'ailleurs, ces expositions n'ont plus le pouvoir d'attraction qu'elles avaient dans le passé. La dernière expo d'envergure internationale a eu lieu à Hanovre, en Allemagne, en 2000. Qui s'en souvient? Elle n'a pas attiré le nombre de visiteurs escompté et s'est soldée par un déficit de 1,6 milliard de dollars. Difficile de croire que Montréal 2020 (qui aurait lieu après Milan 2015 et Shanghai 2018) puisse faire mieux.

Enfin, la dernière chose dont Montréal a besoin, c'est un village de pavillons abandonnés dont elle ne saura quoi faire. Elle en a déjà.

Montréal a besoin d'un grand projet mobilisateur, soit. Mais ce projet doit absolument améliorer la qualité de vie des Montréalais et laisser des traces permanentes dont ils pourront tous bénéficier.

Il y a quelques mois, Benoit Labonté a lancé Rives nouvelles, un ambitieux projet visant à redonner aux Montréalais l'accès au fleuve. Il devrait peaufiner son ébauche et en faire un élément clé de son programme électoral. C'est exactement le genre d'idées qui ancrera Montréal dans le XXIe siècle.

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