L'inflation. Il y a 15 ans qu'au Canada, on ne s'en souciait plus, les prix augmentent de seulement 2% par an, parfois moins. Voici que le mot est de retour sur les lèvres de tous les économistes et banquiers.

Le président de la Réserve fédérale américaine, Ben Bernanke, s'est inquiété devant le Congrès cette semaine de la hausse rapide des prix, soutenant qu'il s'agissait de sa priorité. Il faut dire qu'au cours du dernier trimestre, le taux d'inflation a atteint 7,9% chez nos voisins.

La hausse des prix n'est pas aussi forte chez nous et hier, le gouverneur de la Banque du Canada, Mark Carney, a présenté des prévisions plutôt optimistes. Selon les économistes de la banque centrale, le taux d'inflation franchira les 4% au cours de l'année, mais retombera rapidement à 2% d'ici le milieu de 2009. En conférence de presse, M. Carney a parlé d'un «sursaut temporaire».

Cette renaissance de l'inflation est évidemment due à la hausse du coût de l'énergie et des autres matières premières. Depuis trois jours, les nouvelles sont rassurantes à cet égard, le prix du pétrole chutant sous les 130$ pour la première fois en six semaines. Il faudra voir s'il s'agit seulement de l'effet des manoeuvres des spéculateurs ou d'un renversement de tendance (ce qui, dans une perspective environnementale, serait fort dommage....).

La crainte d'une flambée des prix doublée d'une faible croissance économique - le scénario d'horreur nommé stagflation - demeure vive. Le gouverneur Carney a souligné que de nombreuses incertitudes demeurent et a ajouté que la Banque continuera «de suivre de près l'évolution des risques (...) et de mener la politique monétaire de manière à atteindre la cible d'inflation à moyen terme, soit 2%.»

La lutte contre l'inflation est rarement une politique populaire en période de ralentissement économique. Quiconque a vécu la récession de 1981 sait pourtant qu'il vaut mieux prévenir que guérir, le traitement de la gangrène inflationniste étant toujours très douloureux: il s'agit d'amputer la croissance.

En 1981, l'inflation avait dépassé les 12%. Pour la mater, la Banque du Canada avait poussé son taux directeur au maximum, plongeant l'économie dans une profonde récession. Cet été-là, les taux hypothécaires atteignaient 21,75%!

Pour qu'une telle situation ne se produise plus, les banques centrales n'ont d'autre choix que de tenir très courte la bride des prix. C'est ce que fait la Banque du Canada ces jours-ci. Et les Canadiens n'ont d'autre choix que de s'en réjouir.

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