Les histoires de compromis religieux se suivent et ne se ressemblent pas. Y compris dans un même établissement. Le YMCA du Parc, dont nous avions critiqué la décision d'installer des fenêtres givrées à la demande de ses voisins juifs hassidiques, vient de trouver un terrain d'entente très sensé avec une employée musulmane.

Comme nous l'apprenait notre collègue Sophie Ouimet-Lamothe hier, une instructrice et sauveteur de ce centre sportif travaille désormais en burkini - un maillot de bain islamique qui dissimule tout le corps à l'exception des pieds, des mains et du visage. À l'origine, l'employée voulait garder son hijab au bord de la piscine, mais le «Y» craignait que ce voile ne compromette sa sécurité, ou celle d'un baigneur, lors d'un sauvetage.

Le burkini, qui est en polyester, est conçu spécifiquement pour la baignade. La société australienne de sauvetage l'a testé et approuvé pour la mer, un milieu beaucoup plus agité qu'une piscine. Le Y et son employée se montrent tous deux satisfaits de cette solution.

Contrairement aux vitres givrées, qui visaient simplement à entretenir des relations de bon voisinage, ce burkini est un bon exemple d'accommodement raisonnable. Grâce à ce vêtement, l'employée peut continuer à exercer son métier de la même façon, tout en adoptant une tenue conforme à ses convictions.

Bien que les deux parties aient réussi à s'entendre, le processus ne semble pas avoir été de tout repos. La jeune femme a d'ailleurs déposé une plainte à ce sujet devant la Commission des droits de la personne. S'il fallait, pour qu'un accommodement soit considéré raisonnable, qu'il se conclue facilement, il n'y en a pas beaucoup qui se qualifieraient

Il est aussi dommage que certains clients se permettent des remarques désobligeantes. Si vous coulez à pic dans une piscine, le sexe ou la coupe du maillot du surveillant devient très secondaire. La seule chose qui devrait vous intéresser, c'est qu'il vous sorte de là au plus vite. Il est normal que la tenue étonne, mais pourquoi ne pas poser des questions poliment? Ceux qui s'inquiètent du prosélytisme des immigrants apprendraient au moins que la jeune femme est une Québécoise d'origine qui a récemment choisi la religion musulmane.

Le burkini risque d'être de plus en plus présent aux abords des piscines. Le nouveau règlement québécois sur la qualité de l'eau exigeant le port d'une tenue de bain, les leggings et autres vêtements de ville ne sont plus tolérés dans les bassins publics, ni même dans les pataugeuses. Pour les femmes qui veulent se baigner sans rien révéler, c'est une alternative intéressante. Pour l'instant, le vêtement n'est fabriqué qu'en Australie, mais un fabricant de maillots québécois en teste actuellement un modèle.

Le burkini fera-t-il autant de vagues que le hijab dans les écoles? Espérons que non, car ce serait vraiment une tempête dans un verre d'eau. Il se porte déjà une telle diversité de maillots de toutes tailles, coupes et couleurs autour des piscines publiques qu'on peut très bien en tolérer un modèle de plus.

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