Le rapport de l'enquête administrative sur les documents secrets qui se sont retrouvés entre les mains de Julie Couillard ne nous apprend pas grand-chose. Il n'explique pas comment Mme Couillard est entrée en possession desdits documents. Il n'explique pas non plus pourquoi il lui a fallu presque deux mois avant de renvoyer ces papiers à Maxime Bernier.

Si les enquêteurs n'ont pas trouvé de réponses à ces questions, c'est parce que Mme Couillard a refusé de les rencontrer. En fait, depuis l'entrevue à TVA où elle a lancé la bombe qui allait entraîner la démission du ministre des Affaires étrangères, Julie Couillard s'est enfermée dans le mutisme le plus complet. Invitée à témoigner par un comité de la Chambre des communes, elle a refusé d'y aller. Un refus compréhensible, Maxime Bernier ayant lui-même décidé de s'abstenir.

Dans le cas de l'enquête administrative cependant, l'attitude de Mme Couillard est plus difficilement défendable. M. Bernier, les membres de son entourage et les fonctionnaires du ministère ont tous accepté de répondre aux questions des enquêteurs. Personnage clé de l'affaire, la dame n'avait-elle pas le devoir de collaborer à l'enquête? Son avocat, Me Jean-Claude Hébert, est intraitable : sa cliente s'expliquera au moment et dans le forum de son choix.

Soit. Entre-temps, la version des faits donnée par le ministre démissionnaire reste incontestée. Revenu du sommet de l'OTAN à Bucarest, M. Bernier s'est arrêté chez sa petite amie pour passer la nuit. Il a laissé la malette contenant des documents secrets dans le vestibule et l'a reprise le lendemain matin en partant. «Il n'a alors aucune occasion ni aucune raison d'ouvrir son porte-documents et il ne se souvient pas de l'avoir fait pendant son séjour au domicile de Mme Couillard», relate le rapport d'enquête.

Dans les semaines qui suivent, Julie Couillard «a eu au moins deux occasions de faire savoir au ministre qu'elle était en possession de documents du gouvernement, mais elle ne l'a pas fait». Conclusion sibylline des enquêteurs : «Il se peut que Mme Couillard se soit exposée au risque d'enfreindre une disposition de la Loi sur la protection de l'information.»

Au sujet des fréquentations de Mme Couillard avec des motards criminels, nous faisons face à deux versions contradictoires. Maxime Bernier a dit aux enquêteurs du ministère qu'il a été mis au courant le 20 avril par le chef de cabinet du premier ministre. Dans l'entrevue à TVA, Julie Couillard a soutenu l'en avoir avisé dès le début de leur relation. Depuis cette déclaration il y a plus de deux mois, motus.

D'un point de vue juridique, on comprend que l'avocat de Mme Couillard veuille protéger sa cliente contre d'éventuelles poursuites. Mais sur les plans politique et moral, ce silence est inadmissible. Julie Couillard a choisi de faire des déclarations publiques qui ont fait un tort considérable à la carrière de Maxime Bernier. Ayant fait ce choix, elle a l'obligation de collaborer aux enquêtes que ces propos ont déclenchées. À défaut de quoi on conclura que ses motivations sont autres que l'intérêt public et la recherche de la vérité.

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