Une porte-parole du premier ministre canadien a confirmé cette semaine que M. Harper n'assistera pas à la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de Pékin, dans trois semaines. Cette décision va à l'encontre des intérêts du Canada, autant de ses intérêts économiques que de ses préoccupations en matière de droits de la personne.

Cette décision est difficile à comprendre puisque M. Harper refuse de l'expliquer. À son bureau, on se contente d'invoquer un conflit d'horaire, sans plus de détails. On assure qu'il ne s'agit pas d'un geste de protestation contre le déni des droits fondamentaux en Chine. Alors, de quoi s'agit-il?

Ce refus de se rendre en Chine cadre mal avec les gestes consentis récemment par le premier ministre dans l'espoir de replâtrer des relations qui s'étaient sensiblement détériorées depuis l'arrivée des conservateurs au pouvoir. Les Chinois avaient été froissés par le peu d'intérêt que manifestait à leur égard le nouveau gouvernement et par quelques déclarations malhabiles.

La nomination de David Emerson comme ministre des Affaires étrangères a été très bien accueillie en Chine. La semaine dernière, en marge du Sommet du G8, M. Harper a eu une rencontre fructueuse avec le président chinois, Hu Jintao.

Toutefois, deux ans et demi après sa prestation de serment, le premier ministre canadien n'a toujours pas mis les pieds dans l'empire du Milieu. La tenue des Jeux offrait une occasion en or pour effectuer une première visite, d'autant que le Canada sera l'hôte des prochains Jeux, en 2010.

Si quelques chefs de gouvernement, dans la foulée des événements de l'hiver dernier au Tibet, avaient évoqué l'idée de boycotter l'ouverture des Jeux, le vent a tourné depuis. La semaine dernière, le président Sarkozy a rappelé une évidence que M. Harper ne saurait contester : «Ce serait un grand problème dans le monde que la Chine se renferme, se replie sur elle-même autour d'un nationalisme exacerbé.»

Si M. Sarkozy et son homologue américain, George Bush, ont libéré leur horaire pour se rendre à Pékin, M. Harper peut certainement faire de même. À moins que, en cette matière comme en d'autres, il refuse de changer de politique par étroitesse idéologique. Ou par pur entêtement.

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