Croyez-vous que le Canadien se rendra loin en séries éliminatoires? A-t-il les atouts pour décrocher sa 25e Coupe Stanley?

Jean Gouin

Directeur général de la Fédération des médecins résidents du Québec 



PAS DE COUPE CETTE ANNÉE

Le Canadien de Montréal est en pleine reconstruction. Je serais la personne la plus surprise s'il s'avérait que l'équipe gagne la coupe Stanley ; la compétition sera très relevée et je doute fort qu'il puisse être en mesure de composer partie après partie avec le tempo qui lui sera imposé. Je suis assez confiant qu'il disposera des Sénateurs en première ronde, mais encore là, rien n'est acquis. Le Canadien a manqué de souffle dans la dernière portion de la saison et la confiance de Carey Price a été passablement ébranlée. Ça, les autres équipes le savent, et on peut parier qu'elles n'hésiteront aucunement à sortir le cerbère du Canadien de sa zone de confort en le bombardant sans cesse. Si le Canadien devait retrouver Boston ou Toronto en deuxième ronde, il devra batailler ferme pour sortir vainqueur de ce duel. Le Canadien peut espérer atteindre la troisième ronde, sans plus. C'est une équipe pleine de talent, mais le niveau de compétition qu'offriront des équipes comme celles de Pittsburgh, Chicago et Anaheim ne permettront pas au Canadien de trouver son second souffle pour espérer les vaincre. Le Canadien peut rêver des grands honneurs d'ici deux à trois ans, mais pas cette année, et non plus l'année prochaine. Nous avons été choyés par sa performance cette année. Si la saison n'avait pas été écourtée, il aurait fait les séries, mais de peine et de misère.

Jean Gouin

Guy Ferland

L'auteur est professeur de philosophie au collège Lionel-Groulx de Sainte-Thérèse.



TROP PETITS

Le Canadien de Montréal n'a pas les ressources nécessaires cette année pour remporter une 25e Coupe Stanley. Toutefois, la reconstruction du club est sur la bonne voie. Marc Bergevin et Michel Therrien redonnent de la crédibilité à la sainte Flanelle. En mettant l'accent sur la fierté de porter le CH sur sa poitrine et sur l'originalité francophone du club, le propriétaire Geoff Molson a remis la locomotive sur les rails. Malheureusement, l'équipe sur la glace souffre encore des mauvaises décisions des dirigeants antérieurs qui ont misé sur de gros noms, de petits joueurs et de gros contrats à long terme pour colmater des brèches dans l'alignement du Canadien, au lieu de construire sur une base solide en sélectionnant des joueurs prometteurs adaptés au nouveau gabarit de la LNH tout en favorisant le talent québécois. Les trop nombreux petits joueurs de l'édition actuelle ne feront donc pas le poids pendant les séries où le jeu robuste et l'accrochage prennent le dessus sur le talent et la vitesse d'exécution. Sans compter que le gardien de but Carey Price n'a pas les aptitudes mentales pour résister à la pression des séries et qu'il ne peut pas gagner des parties à lui seul. Il ne faut donc pas réserver ses places sur la rue Sainte-Catherine pour le défilé de la coupe Stanley cette année.

Stéphane Lévesque

Enseignant en français au secondaire à L'Assomption



OUI, À CERTAINES CONDITIONS

La fièvre est revenue. Le CH est en séries et cela propulse le hockey au devant de l'actualité, devant les conflits au Moyen-Orient, la réforme Harper, la collusion, la corruption et tout le reste. Pour ceux qui doutent encore que, chez nous, le hockey est une religion... En ce qui me concerne, je crois que le hockey, comme les trois autres sports majeurs d'Amérique (football, baseball et basketball), a subi des transformations qui rendent les résultats très difficiles à prévoir. Le partage des revenus, le plafond salarial, le plancher salarial, le mode de repêchage, tout contribue à équilibrer les forces entre les équipes. Par ailleurs, on l'a souvent vu par le passé, le talent ou encore les résultats de la saison régulière ne comptent plus pour beaucoup lorsque « la vraie saison » débute. Donc, je crois que le Canadien a des chances de se rendre assez loin à quelques conditions. Carey Price devra devenir le Messie que plusieurs ont vu en lui. Galchenyuk et Gallagher devront en mettre plein la vue. Subban et Markov devront jouer comme des candidats au trophée Norris. Plekanec, Pacioretty et Desharnais devront démontrer, par leur leadership, qu'ils sont de vrais meneurs de troupes. Et surtout, Tinordi devra planter à répétition chaque matamore des équipes adverses. Si tout ça se réalise en même temps, on a des chances.

Stéphane Lévesque

Jean-Pierre Aubry

Économiste et fellow associé au CIRANO



LA DURE RÉALITÉ DES PROBABILITÉS

Même en lassant parler mon coeur et en écoutant moins ma raison, j'estime que les probabilités du Canadien de gagner les quatre rondes des séries éliminatoires sont respectivement de 60 % en huitième de finale, 50 % en quart de finale, 40 % en demi-finale et 30 % en finale. Ces projections impliquent que le Canadien a au plus 30 % de chance d'accéder à la demi-finale et 12 % à la finale. Quant à gagner ces deux rondes, les probabilités ne sont que de 12 % et de 3,6 %.  Il y aurait donc moins d'une chance sur 20 de gagner la coupe Stanley. Je serais bien content que le Canadien gagne la première ronde et fasse bien dans la seconde ronde.  Ce serait tout un exploit qu'il se rende en demi-finale, mais c'est très peu probable (une chance sur 10). Par contre, je serais bien déçu qu'il perde en première ronde. La très bonne performance de plusieurs jeunes joueurs cette saison me laisse croire que club s'est beaucoup amélioré cette saison par rapport à l'an dernier et que ses chances d'aller plus loin dans les séries de fin de saison seront bien meilleures en 2014.

Pierre Simard

Professeur à l'ÉNAP à Québec et fellow senior de l'Institut Fraser



LE 7E HOMME

Tout dépendra du septième homme sur la glace. De celui qui fait partie intégrante du premier trio. De ce Québécois au grand coeur qui sait faire la différence en série. De ce « fan » engagé, du berceau à la tombe, à donner son 110 % pour les Glorieux. Ayez confiance, je l'ai vu ce matin. Il descendait d'une voiture arborant un drapeau du CH. Le teint bleu, blanc et rouge, il m'a confié suivre à la lettre un régime d'éliminatoires : hot-dogs, ailes de poulet et bière Molson. Il m'a promis de défendre la Sainte-Flanelle contre les hérétiques partisans des Sénateurs, ceux qui ne connaissent rien au hockey. Il semblait dévasté par la peur de perdre, lui qui n'a pu déguster la victoire depuis deux décennies. Conscient qu'il n'y en aura pas de facile, il m'a chargé de vous dire: « Nos bras meurtris vous tendent le flambeau, à vous toujours de le porter bien haut. » Ça sent la coupe !

Pierre Simard

Jean Bottari

Préposé aux bénéficiaires



PLUS PRÉOCCUPÉ PAR LES ENJEUX DE SOCIÉTÉ

Honnêtement, je ne suis plus le hockey depuis des années. En fait, depuis que les joueurs sont devenus, pour certains, des multimillionnaires du sport. Je n'ai rien contre le fait qu'un individu gagne beaucoup d'argent, mais pas sur le dos des personnes qui travaillent dur et doivent débourser une fortune pour aller voir leurs idoles sportives. L'époque des Jean Béliveau et Maurice Richard, pour ne citer que ceux-là, est bel et bien révolue. Les joueurs d'antan nous donnaient tout un spectacle, car ils jouaient de façon passionnée et ne se souciaient pas de leur salaire, n'avaient pas une armée d'avocats pour les représenter. Les propriétaires étaient aussi et avant tout des amateurs passionnés plutôt que des hommes d'affaires voulant engranger des profits mirobolants. Je respecte les amateurs de ce sport, mais j'ai tout de même de la difficulté à comprendre que certains d'entre eux se privent des autres plaisirs de la vie moins dispendieux afin de grossir le compte en banque des hockeyeurs qui, pour la plupart, ne se soucient guère des préoccupations du commun des mortels. Je suis plus préoccupé par les enjeux de notre société que de savoir si le CH gagnera ou non la Coupe Stanley.