Que pensez-vous de la décision du gouvernement Marois de maintenir la taxe santé, en la rendant plus progressive, et d'augmenter les impôts des Québécois dont le revenu net est supérieur à 100 000 $? Est-ce un bon compromis? Une promesse reniée?

Denis Boucher

Associé au sein d'un cabinet de relations publiques



IMBUVABLE

Ce n'est pas parce qu'on essaie de vous faire avaler une moins grande quantité d'huile de foie de morue que ça goûte meilleur! Le plan du gouvernement est toujours aussi imbuvable. Le gouvernement ne semble pas intéressé à se pencher sur ses dépenses pour ne pas avoir à décréter des hausses d'impôts. Même s'il est vrai qu'une seule et même taxe pour l'ensemble des citoyens n'est pas fiscalement équitable, il est fiscalement inacceptable que le gouvernement ne puisse trouver de meilleures solutions que de taxer davantage les « riches ». Le milliard manquant, le gouvernement aurait facilement pu le prendre en faisant une ponction dans la kyrielle de subventions et programmes inutiles, dans le resserrement de la gestion des contrats de l'État et en faisant en sorte que la multitude de gens qui travaillent au noir, et qui souvent empochent de l'aide sociale, paient leur juste part plutôt que d'être d'éternels bougons. Voilà qui serait certainement mieux que de punir ceux qui se tapent des semaines de 50, 60 et même 80 heures pour arriver à avoir la vie dont ils rêvaient et qu'ils méritent pleinement considérant les efforts investis. Payer des impôts est un mal nécessaire, mais le Québec devrait trouver un moyen de quitter la première marche du podium des États les plus taxés en Amérique du Nord.

Denis Boucher

Louis Bernard

Consultant et ancien haut fonctionnaire au gouvernement du Québec



À L'IMPOSSIBLE, NUL N'EST TENU

Il est difficile de reprocher à un gouvernement minoritaire de de pas tenir une promesse électorale s'il doit y renoncer parce que la majorité des députés élus s'y opposent. Comme le dit la maxime: «À l'impossible, nul n'est tenu.» On ne peut pas accuser le gouvernement d'être minoritaire. Dans le cas de la taxe sur la santé, on reproche au gouvernement de ne pas l'avoir abolie: c'est largement injuste parce que le PQ avait promis non pas de l'abolir mais de la remplacer. Il reprochait à cette taxe d'être régressive et promettait de lui substituer une taxe plus progressive. A-t-il choisi la bonne manière de le faire? Y aurait-il une meilleure alternative? Personnellement, j'aurais préféré une intégration de cette taxe à une échelle d'impôt sur le revenu complètement refondue. Mais appartenait-il à un gouvernement minoritaire de procéder à une réforme aussi globale? En définitive, ce sera à l'Assemblée nationale de juger, mais on peut déjà prévoir que, si les partis d'opposition devaient voter contre, un nombre suffisant d'abstentions permettra tout de même au gouvernement de survivre.

Louis Bernard

Jana Havrankova

Médecin endocrinologue



IMPROVISATION OU MANIPULATION?

Nous assistons à un festival de promesses rompues.  Le PQ a promis d'abolir la taxe santé : il la maintient pour la majorité des contribuables. Il a promis d'alléger le fardeau fiscal de la classe moyenne : il retourne dans la poche d'un bon nombre de gens qui la constituent. La taxe santé, égale pour tous, donc régressive, mal conçue dès le départ par les libéraux, méritait soit la disparition soit une réforme. Pourquoi le PQ n'a-t-il pas annoncé qu'il allait examiner ces deux possibilités une fois en possession de toutes les informations sur l'état des finances publiques? Cela aurait été plus honnête et aurait évité cette impression de valse-hésitation et d'improvisation que le gouvernement nous livre depuis un mois. Mais proposer une intention de réforme en période électorale, ce n'est pas très sexy et c'est un peu plus compliqué. Pour patiner comme ça, ou bien le PQ n'a pas fait ses devoirs et il improvise. Ou bien il a sciemment manipulé l'électorat en faisant des promesses qu'il savait ne pas pouvoir tenir. Ou bien, pensant former un gouvernement majoritaire, il croyait qu'il pourrait imposer n'importe quoi, sans opposition, sans discussion. Aucune de ces hypothèses n'est de bon augure.

Photo fournie par Jana Havrankova

Jana Havrankova

Joëlle Dupont

Étudiante en sciences humaines au cégep de Lanaudière



ÇA MÉRITE UN BRAVO !

Recul? Promesse reniée? Faiblesse? Que de mauvaise foi! Les Québécois devraient être heureux de voir enfin un gouvernement faire preuve d'ouverture et être à l'écoute de l'opposition, sachant coopérer et accepter les compromis. Le ministre Marceau a démontré une louable humilité en reconnaissant que le verdict du 4 septembre l'appelait à se rendre moins loin que souhaité par son parti (ce qui, à mon humble avis, bénéficiera grandement à l'économie québécoise, le projet initial étant trop raide). Un gouvernement attentif aux arguments émis par différents acteurs sociaux, prêt à revenir sur ses décisions après réflexion, «flexible sur les moyens et ferme sur les objectifs»; voilà un changement qui fait du bien. Le PQ démontre qu'il entend mener une gestion ouverte aux considérations des électeurs comme de ses opposants. Bien sûr, l'idéal aurait été de pousser la réflexion et de mettre sa mesure à l'épreuve du réel avant de l'annoncer, ce qui aurait évité bien du bruit. Mais puisqu'aucun gouvernement ne sera jamais parfait, on peut néanmoins se réjouir devant un parti reconnaissant humblement évoluer dans sa gestion sans dogmatisme, tout en coopération, prêt à réévaluer ses idées au rythme des discussions.

Joelle Dupont

Pierre Simard

Professeur à l'ÉNAP, à Québec



PROMETTRE N'IMPORTE QUOI

Ah les promesses électorales! S'il fallait que nos politiciens tiennent leurs promesses, le Québec serait en banqueroute depuis longtemps. Le PQ avait promis d'abolir la taxe santé et de faire payer les riches. Le problème, c'est que notre nouveau ministre des Finances a rapidement réalisé que le Québec manquait de riches et qu'il les ferait fuir en les surtaxant. Que faire? Faire comme tout politicien qui se respecte et... ne pas respecter sa promesse. De toute façon, qui lui en voudra? Les promesses électorales, c'est comme les résolutions du jour de l'An : il ne suffit que de quelques semaines pour qu'elles soient oubliées. Les électeurs ne pénalisent jamais les politiciens qui rompent leurs promesses. C'est d'ailleurs pourquoi ils promettent n'importe quoi sans en mesurer les effets. Pis encore, les tergiversations des dernières semaines auront paradoxalement montré qu'on fait des promesses pour gagner des élections et qu'on les rompt pour se maintenir au pouvoir. Un politicien qui revient sur ses promesses n'est peut-être pas édifiant, mais je n'ose imaginer les dommages créés par celui qui les réaliserait. Vous voulez ne pas être déçu par la politique? À la prochaine élection, votez pour celui qui ne fait pas de promesses.

Pierre Simard

Nestor Turcotte

Retraité de l'enseignement collégial



HAUT NIVEAU D'INCOMPÉTENCE

Entre 2008 et 2012, le PQ a constamment accusé Jean Charest de ne plus avoir les mains sur le volant de la voiture de l'État. Depuis qu'il est au pouvoir, le PQ de Pauline Marois a non seulement échappé le volant de la voiture étatique, mais il végète, à la remorque des événements. Les improvisateurs et les incompétents ne se comptent plus. On a presque hâte aux nouvelles élections. La dernière campagne électorale du PQ a tourné autour de deux abolitions : l'abolition de la hausse des droits de scolarité et l'abolition de la taxe santé. Le PQ a tenu parole, jusqu'à présent, sur la hausse des droits de scolarité. Il a même gardé la bonification des prêts et bourses promise par Jean Charest. Les étudiants sont morts de rire. Ils n'ont plus à payer pour le moment. Ils ont décidé de payer plus tard. En sortant de son premier conseil des ministres, Pauline Marois avait réitéré, il y a quelques jours, sa volonté ferme de tenir parole et d'abolir ce que M. Marceau (ministre des Finances) nomme ironiquement, la «taxe santé libérale». Le gouvernement abolit l'expression «taxe santé» et la remplace par une autre qu'il appelle «contribution santé» du PQ. Peu importe : taxe santé ou contribution santé, ça ne change pas la réalité. Les citoyens du Québec devront sortir de leurs goussets 200 $ dans leur rapport d'impôt en mars 2013. Pauline Marois vient de nous livrer la plus grande farce politique depuis belle lurette! Elle renie son principal engagement électoral. Ce gouvernement avait promis de faire autrement. Il fait exactement comme le gouvernement qu'il dénonçait, il n'y a pas si longtemps. On espérait mieux : on est en train de nous livrer le pire !

Nestor Turcotte

Jean-Pierre Aubry

Économiste et fellow associé au CIRANO



UNE PROPOSITION BIEN SUPÉRIEURE

La proposition 2 faite mercredi par Nicolas Marceau est bien supérieure à la proposition 1 faite par Mme Marois, il y a près de deux semaines, tant pour la situation financière du gouvernement que pour l'économie du Québec.  Ce changement n'est pas principalement dû au fait que le PQ forme un gouvernement minoritaire.  La proposition 1 avait été faite alors que le PQ savait très bien qu'il formait un gouvernement minoritaire. Je ne crois que la proposition 1 soi aussi faisable que M. Marceau l'a redit mercredi durant sa conférence de presse, exclusion faite du fait que le gouvernement est minoritaire.  Le recul sur l'abandon de l'abolition de la taxe santé est essentiellement basé sur la même raison que le recul sur la rétroactivité : la proposition 1 était sur le plan économique mauvaise, négligeait un ensemble de situations particulières affectant les contribuables et allait à l'encontre des conclusions de plusieurs d'analyses économiques de qualité.  La fiscalité c'est complexe. Quand on compare ces deux propositions, on réalise que la plus récente tient beaucoup mieux compte d'une réalité de base : il y a peu de riches au Québec et sa fiscalité ne peut s'éloigner très loin de celle de ses voisins. Je pense que cet épisode va nuire pour un certain temps à la crédibilité du nouveau ministre des Finances. Nicolas Marceau aura cependant plusieurs chances de se reprendre car la route vers l'équilibre budgétaire sera longue et pleine de défis.

François Bonnardel

Député caquiste de Granby



LE PROFESSEUR MARCEAU DOIT REFAIRE SES DEVOIRS

À la lumière des décisions annoncées hier par le ministre des Finances, on constate encore une fois que l'économie et les finances publiques sont la grande faiblesse du gouvernement de Pauline Marois. Plutôt que de réduire les dépenses du gouvernement et de s'attaquer aux vaches sacrées de l'État québécois, il a choisi la solution la plus facile: taxer davantage les Québécois. Après des semaines d'improvisation sur la taxe santé et les hausses d'impôt rétroactives, le Parti québécois nous a présenté un plan qui renie sa promesse électorale d'abolir la taxe santé et qui ne soulage pas la classe moyenne. Tous les contribuables qui gagnent plus de 42 000$ paieront le même montant ou davantage, sans aucun autre avantage fiscal. La proposition du gouvernement péquiste d'augmenter les impôts de tous les citoyens qui gagnent plus de 100 000$ est pire à certains égards, et témoigne de son refus de s'attaquer au gaspillage et aux dépenses excessives de l'État. Dans la situation économique actuelle, alourdir le fardeau fiscal des citoyens est une décision irresponsable qui nuit à l'objectif prioritaire de relancerla performance économique du Québec. Nicolas Marceau doit aller refaire ses devoirs et nous revenir avec une proposition qui s'attaquera davantage aux dépenses du gouvernement qu'à la classe moyenne du Québec.

Photo: archives La Voix de l'Est

François Bonnardel, député de la CAQ.