Le premier ministre Charest a promis lundi d'envoyer aux parents, avant la rentrée de 2013, un chèque de 100 $ pour chaque enfant du primaire afin de payer une partie du matériel scolaire. Que pensez-vous de cette promesse ? Pourrait-elle convaincre des électeurs de voter pour le Parti libéral ? LES COMMENTAIRES DOIVENT ÊTRE SIGNÉS.

Pierre-Yves McSween

Comptable agréé professionnel, enseignant au cégep régional de Lanaudière et chargé de cours à HEC Montréal

DÉSHABILLER PAUL... POUR HABILLER JEAN

Qui peut être contre la vertu? Personne, mais changer son vote pour 100 $, c'est manquer de vision à long terme. Les élections provinciales sont le moment de redéfinir les orientations stratégiques d'un peuple et non de saupoudrer quelques dollars pour gagner quelques votes. Si les Québécois ont un peu de mémoire, ils se rappelleront que la fameuse contribution santé est passée de 25 $ en 2010 à 200 $ récemment. Donc, un couple paie maintenant 400 $ de « taxe santé ». Durant la campagne électorale, on a soudainement 100 $ par enfant à donner? Au net, c'est la ballade des 100 $, mais le Québec fait du surplace. Le contribuable intelligent comprendra qu'on déshabille Paul pour habiller Jean. Sommes-nous en train de faire une campagne électorale sur des « nanodétails »? S'il vous plaît, chers chefs de parti, donnez-nous un peu plus de profondeur dans vos propositions : la quête du pouvoir n'a aucun but si vous n'avez pas l'étoffe de savoir quoi faire de celui-ci.

Denis Boucher

Associé au sein d'un cabinet de relations publiques

IL FAUDRA DAVANTAGE

Contrairement aux discussions philosophiques concernant la lutte au déficit, les redevances minières ou l'impôt des entreprises, on n'a pas besoin d'expliquer longtemps ce que veut dire 100 dollars. Cette annonce est donc d'une redoutable simplicité et permet de rejoindre directement des électeurs qui, chaque année, doivent se serrer la ceinture afin de défrayer les coûts énormes liés à la rentrée scolaire. Il est toutefois utopique de croire que ce seul engagement soulèvera une vague d'appuis auprès de l'électorat. C'est l'accumulation de ce genre d'annonces qui pourrait finir par faire une différence pour le Parti libéral, comme pour les autres partis, surtout dans le cadre d'une lutte qui s'annonce très serrée. Par contre, il serait faux de croire que cela puisse permettre d'escamoter les principaux sujets dont les citoyens veulent entendre parler, dont la santé, l'éducation et l'économie. Mais peut-être faudrait-il que l'on arrête d'accorder autant d'importance aux gaffes de l'une ou l'autre des formations. Je me demande en quoi cela aidera les électeurs à se former une opinion basée sur le programme des différents partis et non sur des faits divers de campagne d'une totale insignifiance.

Denis Boucher

Mélanie Dugré

Avocate et mère de trois enfants

UN ENFANT REPENTANT

Il suffit d'être parents d'enfants d'âge scolaire pour constater que la gratuité scolaire est un des plus grossiers mensonges de notre système d'éducation. Les listes de matériel à acheter n'en finissent plus de s'allonger, sans compter les chèques, dont les montants ne cessent d'augmenter, qui doivent être faits aux institutions en début d'année. Impossible, donc, de s'en sortir en bas de quelques centaines de dollars par enfant à chaque rentrée. Dans ce contexte, il est évident que l'annonce faite par Jean Charest sera accueillie comme un garrot sur une hémorragie financière par bien des familles. Néanmoins, il faudrait s'assurer que cette contribution soit bien réelle et ne cache pas de malveillantes intentions en devenant un moyen détourné pour refiler aux parents des factures additionnelles, présentement assumées par le gouvernement et les commissions scolaires. Par ailleurs, le Parti libéral se comporte comme un enfant repentant qui vient vous offrir une affectueuse étreinte après avoir commis un mauvais coup et été pris en flagrant délit de désobéissance. Le Parti libéral a agi de façon indigne envers les citoyens au cours des dernières années et il a perdu la confiance de la population qui ne se contentera certainement pas d'un 100$ en échange de son pardon pour les frasques du gouvernement.

Mélanie Dugré

Adrien Pouliot

Président et chef de direction de Draco Capital

UNE AUTRE SUBVENTION DE L'ÉTAT

Puisque l'État québécois intervient déjà à peu près dans tout ce qui bouge, les chefs doivent rivaliser d'ingéniosité pour trouver de nouvelles actions à subventionner. Ne saviez-vous pas qu'il y avait un grave problème d'achat de matériel scolaire au primaire au Québec? Et que ce 100$ va régler ce problème pressant? Évidemment, il faudra engager des fonctionnaires (syndiqués avec emploi garanti à vie et retraite dorée) pour rédiger les règles d'attribution, contrôler l'admissibilité, vérifier que les réclamants ont bien des enfants au primaire et non au secondaire (il n'y a pas de problème de matériel au secondaire, c'est bien connu), émettre les chèques et veiller à ce que l'argent serve bien à l'achat de cahiers Canada et non pas de la bière pour papa ou des chips pour l'élève. Le lobby des fournisseurs de matériel (le grand gagnant de cette subvention déguisée) engagera des économistes gauchistes pour prouver que le programme s'autofinance et même fait des profits parce qu'il permet à ces jeunes de terminer leurs études et de payer des impôts dans 20 ans. On s'attend maintenant à ce que la CAQ surenchère à 150 $, que le PQ suggère de l'offrir dans les garderies et que Québec solidaire offre à tous les étudiants tout le matériel scolaire gratuitement, une mesure financée par une taxe sur les grandes banques.

Adrien Pouliot

Caroline Moreno

Écrivain et comédienne

DÉSHABILLER PIERRE POUR HABILLER PAUL

En annonçant une augmentation des tarifs de garde (8 $ par jour) en même temps que l'attribution d'un chèque de 100 $ pour les effets scolaires des élèves du primaire, M. Charest déshabille Pierre pour habiller Paul. Par ailleurs, après des mois de conflit, l'inaptitude des libéraux à gérer la crise étudiante, provoquée par une hausse des droits de scolarité, n'a rien pour séduire l'électorat. L'éducation ne se limite pas à l'achat de cartables et de crayons. Elle s'étend de la garderie à l'université et vise l'épanouissement de la société. M. Charest, qui s'octroie une note de 8 sur 10 pour la lutte à la corruption, devra composer avec les bulletins de vote des électeurs qui savent ne pas pouvoir compter sur son équipe pour baliser l'avenir des jeunes.

Caroline Moreno

Nicole Girard

Candidate du PLQ dans Montarville

EXCELLENTE NOUVELLE

Promettre d'offrir aux parents de tous les enfants inscrits à l'école primaire publique un soutien financier direct et non imposable de 100 $ afin de les soutenir dans l'achat de matériel scolaire à la rentrée des classes est une excellente nouvelle. Nous en sommes tous conscients, la rentrée scolaire est un moment qui accentue la pression financière sur les parents. Ce que le PLQ propose, c'est un investissement d'environ 45 M$ qui profitera à quelque 450 000 élèves inscrits au réseau d'éducation public. Voilà un parti politique qui souhaite aider les familles québécoises. Il ne faut pas négliger non plus le deuxième engagement qui a été fait hier par le premier ministre Charest, soit de doubler le financement du programme d'aide aux devoirs. Ce financement supplémentaire permettra d'étendre l'offre de service et d'adapter les programmes aux besoins de nos enfants et des parents. Encore une fois, le PLQ nous démontre sa volonté de soutenir adéquatement les familles québécoises et qu'il est le seul parti à mettre au coeur de ses priorités la réussite scolaire de nos jeunes.

Nicole Girard