Croyez-vous que les manifestations étudiantes qui tournent au vinaigre soir après soir nuisent à l'image de Montréal à l'étranger et, conséquemment, sont susceptibles d'avoir des impacts négatifs sur son industrie touristique? Les commentaires doivent être SIGNÉS.

Denis Boucher



Associé au sein d'un cabinet de relations publiques



LA VILLE SOUFFRE



Il n'existe ni sondage ni données pour prouver que les émeutes à répétition nuisent au tourisme et à l'économie de Montréal. Néanmoins, le gros bon sens, denrée qui semble être en rupture de stock chez les criminels en culottes courtes qui jouent aux anarchistes en herbe, ne peut faire autrement que de nous amener à conclure que la ville souffre. La couverture médiatique internationale peut porter les gens à penser que toute la ville est à feu et à sang alors, qu'en vérité, le grabuge est concentré dans un périmètre très restreint et pour des périodes relativement courtes. Cependant, au royaume du tourisme, la perception est reine. Y a-t-il vraiment quelqu'un qui tient à aller dépenser son argent dans une ville où des violences éclatent quotidiennement? Seriez-vous allés à Los Angeles pendant les émeutes de 1992 ou, pour les plus vieux, à Detroit pendant les émeutes de 1967? D'ailleurs, pour avoir vécu dans cette région, je peux vous dire que la ville ne s'est jamais relevée de cette période sanglante qui a fait 43 morts et près de 500 blessés. Il n'y a pas encore eu de morts ici, mais il ne faut pas nécessairement une aussi grande tragédie pour que notre économie subisse de lourdes conséquences et réduise davantage notre capacité de subventionner les études collégiales et universitaires. Mais bon! Je digresse!



Denis Boucher

Mélanie Dugré



Avocate



LA LÈPRE MONTRÉALAISE



La crise actuelle trouve présentement écho dans les médias internationaux, généralement en termes peu flatteurs, et suscite un intérêt  à l'extérieur de nos frontières. Les images de casseurs qui s'en donnent à coeur joie dans les rues de la ville une fois la nuit tombée tournent en boucle sur les différentes plateformes et refroidissent certainement les ardeurs des touristes désireux de vivre des vacances calmes et sereines. Les adeptes d'aventure et d'imprévus pourraient avoir envie de venir humer ce parfum de désobéissance civile  mais plusieurs autres pourraient simplement revoir leurs plans et rayer Montréal de leur itinéraire. Rappelons-nous par ailleurs qu'une importante proportion de touristes qui visitent Montréal provient des diverses régions du Québec. Ces Québécois hors Montréal entretiennent d'emblée avec la métropole une relation ambiguë d'amour-haine, leurs sentiments oscillant entre la fascination et l'attrait pour l'étendue de ses activités et sa diversité culturelle et un dégoût prononcé pour son rythme effréné, sa circulation chaotique et son festival du cône orange. Le climat actuel nourrit la désagréable impression que Montréal souffre d'une maladie honteuse hautement contagieuse et envoie le message qu'il vaut mieux éviter d'y mettre les pieds pour ne pas être infectés. Malheureusement, Montréal pourrait se retrouver en quarantaine bien malgré elle.



Mélanie Dugré

Pierre Simard



Professeur à l'ÉNAP à Québec



LOIN DES CARRÉS ROUGES



On dit que chaque grande ville a son symbole. Paris a sa tour Eiffel et Montréal... son carré rouge. Un Québec tout en couleur à la veille de la saison touristique. Un carré rouge qui a entamé sa carrière internationale ce week-end à Cannes. On le porte fièrement. Comme si l'on voulait rappeler au monde entier que Montréal est présentement une ville à éviter. Une ville où lancer des projectiles aux policiers, vandaliser les vitrines des commerçants et perturber les axes routiers sont des activités quotidiennes. Malheureusement, outre les casseurs professionnels, les émeutes et la violence n'attirent pas les touristes. En 2011, les revenus du tourisme en Égypte ont baissé de près de 30 % en raison des troubles politiques. C'est vrai que le Québec n'est pas encore l'Égypte. Néanmoins, l'ambassade des États-Unis a mis en garde les touristes américains et tous ses ressortissants contre les troubles sociaux de Montréal. Les amateurs de F1 du monde entier savent aussi que des étudiants de l'UQAM veulent faire annuler le Grand Prix du Canada. Rappelons-le, l'offre touristique mondiale est très concurrentielle. Aussi, comme beaucoup de Québécois, je vais sûrement prendre mes vacances loin de Montréal. Les plages du Maine, l'Europe... loin des carrés rouges!



Pierre Simard

Jean Gouin



Directeur général de la Fédération des médecins résidents du Québec

LA MUSIQUE EST RASSEMBLEUSE



Toute manifestation sur fond de violence est nuisible. Il est évident que Montréal subit les conséquences directes des manifestations qui s'y déroulent depuis maintenant 100 jours. À preuve, sur le plan économique, certains commerçants nous signifient que, dans plusieurs cas, leur chiffre d'affaires a diminué de 10 % à 15 %. Quand on sait que l'économie mondiale vit des hauts et des bas et que nous en subissons tous les contrecoups, on se doit de tout mettre en oeuvre pour que cessent ces manifestations. Quant à l'image de Montréal sur la scène internationale et sur le plan touristique, celle-ci a été passablement amochée depuis les trois derniers mois. La ville va devoir se refaire une beauté à coups de campagnes de marketing. Je suis inquiet quant à l'attrait qu'aura Montréal pour les touristes, alors qu'approche à grands pas la saison des festivals, dont le Festival international de Jazz de Montréal, le Festival des films du monde, les Francofolies, le festival Juste pour rire, et plusieurs autres qui sont mondialement reconnu. Le gouvernement ne peut espérer que les mouvements de masse qui défient sa loi s'essoufleront. On n'éteint pas un feu en y jetant de l'accélérant. Est-ce que les touristes nous diront «à l'année prochaine» ? J'ose croire que non. La musique est rassembleuse. À nos politiciens de bien jouer leur partition.

Jean Gouin

Jean Bottari



Préposé aux bénéficiaires



D'ICI LE GRAND PRIX



Il est de plus en plus évident que les manifestations que vit Montréal soir après soir ne peuvent faire autrement que décourager les touristes potentiels. D'autant plus que la cause dite étudiante est devenue, avec le dépôt de la loi 78, une cause et un conflit de société auxquels s'intéressent les médias des autres pays. À moins d'être amateur de manifestations, je ne vois pas l'intérêt pour une famille d'Américains par exemple, de visiter Montréal en ces temps de turbulence. Imaginez un peu la petite famille dont le père était arrêté malencontreusement par les forces policières, comme ce fut le cas, entre autres, pour des journalistes de La Presse, s'il se trouvait au mauvais endroit au mauvais moment. Si cela devait se produire, des réseaux comme CNN en ferait sûrement leurs choux gras. Que ce soit pour le bien de l'industrie touristique ou pour les Québécois en général, cette crise doit cesser dans les plus brefs délais afin que la ville démontre qu'elle a autres choses à offrir que les soirées de manifestations mouvementées pour lesquelles le gouvernement Charest semble être indifférent. S'il fallait que ce mouvement se poursuive durant le Grand Prix du Canada, ce serait le chaos aux abords du circuit. Les manifestants en mal de visibilité et de couverture médiatique rivaliseraient sans doute d'imagination afin de faire valoir leur point de vue.



Jean Bottari

Nestor Turcotte



Retraité de l'enseignement collégial



L'OEIL DU MONDE NOUS REGARDE



Soir après soir, Montréal devient le théâtre d'affrontements plus ou moins légaux entre la police et les manifestants. Les médias nationaux rapportent quotidiennement les faits et gestes des belligérants et la presse internationale diffuse ces réalités nocturnes aux quatre coins de la planète. Montréal est la cible de certains groupes qui ne visent qu'à créer un climat de perturbations permanentes. Les marchands du centre-ville se plaignent de plus en plus de la baisse de leur chiffre d'affaires. Certains sont désespérés puisqu'ils sont au coeur des trajets habituels des manifestants. Les agences de voyages québécoises ne conseillent pas aux Québécois de se rendre présentement en Grèce, dans les pays au nord de l'Afrique, etc. Ils préviennent les éventuels touristes des perturbations sociales et économiques et des poussées de violence reliées au climat politique incertain de ces pays. J'ose imaginer qu'un Français qui avait prévu séjourner au Québec cet été va y penser deux fois. Je crains que nos voisins, les Américains, qui viennent habituellement en longues caravanes visiter la belle province resteront à la maison, d'autant plus que la parité des monnaies canadiennes et américaines leur donne une raison de plus de ne pas franchir la frontière. La métropole projette une vitrine instable pour le futur visiteur, inquiétante pour ceux qui prennent plaisir à visiter les pays où la stabilité est le premier critère dans leurs déplacements. Les gens qui veulent «casser le système» se nuisent à eux-mêmes et à leur propre développement. Si la vie économique stagne dans la métropole, tout le Québec s'en ressentira, y compris les habitants de Montréal.

Nestor Turcotte

François Bonnardel



Député de Shefford

UN MINISTRE ABSENT



Selon le ministre des Finances, Raymond Bachand, qui est aussi ministre responsable de la métropole, il faut être inquiets la présence de groupes marxistes qui perturbent la ville de Montréal. Par ailleurs, la couverture de la crise étudiante par les médias internationaux montre une image très négative de la métropole dans des chaînes comme CNN, BBC ou même Al-Jazira. Ajoutons à cela la volonté exprimée par certains casseurs de perturber les grands événements estivaux comme le Grand Prix et nous avons là une importante menace sur le tourisme montréalais. La semaine dernière, j'ai questionné Raymond Bachand en chambre sur le sujet. Je lui ai demandé s'il avait mesuré les impacts économiques d'un problème qu'il avait lui-même soulevé et qu'est-ce qu'il entendait faire pour atténuer les conséquences du conflit à Montréal. Il a été incapable de fournir une réponse. La moindre des choses, lorsqu'on reconnaît un problème, c'est d'en mesurer l'ampleur et de réunir les principaux leaders du milieu pour trouver une solution. C'est ce qu'aurait du faire le ministre responsable de la métropole. Ce manque de leadership est symptomatique d'une ville qui, depuis longtemps, n'a plus de voix forte au sein du conseil des ministres. Il y a quelques mois, l'attachée de presse de Raymond Bachand avouait même que ce dernier n'avait pas vraiment de temps à consacrer à autre chose que le budget provincial. Lorsqu'une ville vit une crise aussi importante qu'à Montréal, ce serait peut-être une bonne idée de nommer un autre ministre pour la métropole, quelqu'un qui aurait le temps de prendre le dossier en main.

François Bonnardel

Raymond Gravel



Prêtre dans le diocèse de Joliette



LE GOUVERNEMENT EST IRRESPONSABLE



Un conflit qui s'éternise à cause de l'entêtement d'un premier ministre qui se croit au-dessus de la mêlée parce qu'une majorité de la population semble l'appuyer sur la hausse des droits de scolarité. Par ailleurs, ce conflit déborde largement la question des droits de scolarité. J'ai participé hier après-midi à la manifestation monstre dans les rues de Montréal et j'y ai vu des milliers de jeunes et de moins jeunes, dénonçant ce système politique pourri à l'os dans lequel nous sommes tous et toutes un peu complice par notre inertie et notre passivité. N'y a-t-il pas un dicton qui dit que quelque chose qui traîne se salit... Je crois sincèrement que c'est le cas ici. Si les manifestations tournent au vinaigre, c'est sans doute parce que Jean Charest, imbu de lui-même, ne prend pas la peine de s'asseoir avec les leaders étudiants, de les écouter et de les respecter. Plus ce conflit s'enlise, plus nous assisterons à de la violence et à de la casse, et c'est le peuple qui va en souffrir. C'est évident que tous ces événements ont et auront des conséquences néfastes sur l'industrie touristique de Montréal. Le seul responsable est Jean Charest; quelqu'un pourrait-il lui dire? Bon nombre de Québécois voudraient que les étudiants cessent leurs revendications, et c'est sans doute ce qu'espère le premier ministre. Mais pour une fois que des groupes se tiennent et sont solidaires, je les appuie à 100% et personnellement, je crois qu'ils doivent aller jusqu'au bout, même si la situation est désastreuse pour les Montréalais, bien sûr, mais aussi pour toute la population du Québec. C'est une question de justice et de dignité pour nos jeunes, mais aussi pour tous les Québécois.

Raymond Gravel