Cette lettre ouverte est signée par une quarantaine de représentants d'organismes et des élus montréalais*. Elle est adressée au Dr Richard Lessard, directeur de la Direction de santé publique de Montréal.
Depuis la publication, en 2006, de votre rapport annuel sur la santé de la population montréalaise « Le transport urbain, une question de santé », votre agence a multiplié les interventions publiques, la publication d'articles et de mémoires et l'organisation de colloques, indiquant clairement l'impact néfaste sur la santé de l'augmentation croissante du parc automobile et de la présence d'autoroutes en milieu urbain.
L'agence s'est constamment opposée à tous les projets autoroutiers récents qui entraîneraient une augmentation de la circulation sur l'île de Montréal (autoroute 25, rue Notre-Dame, échangeur Turcot), prônant plutôt les investissements massifs dans les transports collectifs et les transports actifs afin de favoriser la santé en réduisant les traumas routiers et en diminuant les émissions atmosphériques nocives ainsi que la sédentarité.
Les audiences publiques sur l'environnement portant sur le projet de réaménagement du complexe Turcot ont démontré de manière éloquente l'opposition quasi unanime des experts et des divers groupes de citoyens à un projet qui augmenterait les volumes de circulation et, par conséquent, les impacts sur la santé dans les quartiers environnants, et ce, pour des décennies.
En plus des résidants, les patients hospitalisés au Centre universitaire de santé McGill, en construction pratiquement à côté de l'échangeur, seront affectés. Nous croyons qu'un projet qui ne permettrait pas de réduire ces impacts n'a pas sa place en 2010, dans une société qui dit se préoccuper de la santé de la population.
Dans son mémoire, l'agence conclut elle-même que le projet, s'il ne diminue pas les déplacements automobiles, est inacceptable et que des mesures visant à améliorer la santé de la population en réduisant de manière importante les volumes de circulation sont nécessaires.
Vous avez évoqué, dans deux entrevues accordées à Radio-Canada (C'est bien meilleur le matin, 17 juin 2009) et au quotidien La Presse (19 juin 2009), l'opportunité, si le projet Turcot comportait toujours des risques majeurs pour la santé à la suite des audiences publiques du BAPE, d'avoir recours à l'article 55 de la Loi sur la santé publique du Québec, en vue de demander aux intervenants pertinents de s'engager dans la recherche d'une solution adéquate aux problèmes de santé publique induits par le projet.
La version du projet présentée mardi le 9 novembre 2010 par le ministère des Transports n'apporte pas de réponse satisfaisante aux préoccupations de santé publique que vous mettez en évidence depuis
près de deux ans, dans la mesure où elle ne vise pas une réduction du volume de circulation. Comme vous l'avez vous-même clairement indiqué dans une nouvelle entrevue à Radio-Canada la semaine dernière, les problèmes de santé seront accrus dans les quartiers situés à proximité de l'échangeur puisque le volume de circulation va augmenter après la reconstruction.
Pourtant, les solutions, telles que l'intégration au projet d'équipements structurants de transport en commun (prolongement vers LaSalle et Lachine du réseau initial du tramway, bonification de la desserte des trains de banlieue actuels, mise en place du train de l'Ouest, etc.) permettant de réduire considérablement le volume de circulation, existent et sont connues depuis longtemps. Ces mesures sont évoquées par le MTQ mais nous croyons qu'elles doivent être officiellement intégrées au projet Turcot et qu'un financement doit leur être affecté. De plus, la conception des ouvrages du complexe Turcot devraient tenir compte du formidable potentiel de transfert modal qu'offrent ces alternatives à la voiture.
Dans ce contexte, nous vous demandons d'agir en fonction des pouvoirs qui vous sont conférés par l'article 55 de la Loi sur la santé publique du Québec et de « demander formellement aux autorités dont l'intervention [vous] paraît utile de participer avec [vous] à la recherche d'une solution adéquate dans les circonstances ». Cette démarche pourrait notamment permettre d'inclure dans le décret du projet un objectif de réduction du volume de circulation et de mise en oeuvre à court terme de projets structurants de transports en commun. Cet objectif nous apparaît primordial pour que le projet soit acceptable du point de vue de la santé des populations et pour atteindre les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre établis par le gouvernement du Québec.
Espérant que vous exercerez cette responsabilité avec diligence compte tenu de l'urgence de la situation, nous vous assurons tout notre appui dans vos démarches à cet effet.
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Cosignataires de la lettre ouverte :
Kelly Krauter, directrice générale, Action communiterre
Jean Zigby, vice-président, Association canadienne des médecins pour l'environnement
Patricia Dumais, Secrétaire, Association municipale de Westmount
Lucie Thibodeau, présidente, Association pour la santé publique du Québec
André Bélisle, président, Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique
Owen Rose, président, Centre d'écologie urbaine de Montréal
Carl Bégin, porte-parole, Coalition Humaniser Notre-Dame
Coalition Mobilisation Turcot
Al Hayek, président, Coalition verte
Gillian Keefe, directrice générale, Conseil communautaire Notre-Dame-de-Grâce
Denis Plante, président, Conseil régional de l'environnement de Montréal
Mary Stark, directrice générale, Contactivity Centre
Peter McQueen, conseiller de la ville Projet Montréal, district de Notre-Dame-de-Grâce de l'arrondissement Côte-des-Neiges-Notre-Dame-de-Grâce
Jenny Patton, chef, Environment Committee of Westmount's Healthy City Project / Comité Environnement du Projet Ville en Santé de la Ville de Westmount
Sidney Ribaux, coordonnateur général, Équiterre
Karel Mayrand, directeur général pour le Québec, Fondation David Suzuki
Florence Junca-Adenot, directrice, Forum URBA 2015 UQÀM
Pierre Brisset, directeur, Groupe de recherche urbaine Hochelaga-Maisonneuve
Marlo Turner Ritchie, Directrice, Head & Hands / À deux mains
Patrick Asch, directeur, Héritage Laurentien
Dimitri Roussopoulos, vice-président, Institut de politiques alternatives de Montréal
Derek Robertson, directeur, Jardin collectif de l'Allée des Tanneries
Campbell Stuart, secrétaire, Les Amis de Meadowbrook
Benoit Dorais, maire de l'arrondissement Le Sud-Ouest
Véronique Fournier, conseillère de la ville Équipe Harel-Vision Montréal, district Saint-Henri-Petite- Bourgogne-Pointe-Saint-Charles de l'arrondissement Le Sud-Ouest
Sophie Thiébaut, conseillère d'arrondissement Projet Montréal, district Saint-Henri-Petite-Bourgogne- Pointe-Saint-Charles de l'arrondissement Le Sud-Ouest
Huguette Roy, conseillère d'arrondissement Équipe Harel-Vision Montréal, district Saint-Paul-Émard de l'arrondissement Le Sud-Ouest
Fiona Keats, directrice générale, NDG Food Depot
Valérie Simard, organisatrice communautaire, POPIR-Comité Logement
Nicole Bastien, directrice, Pro-Vert Sud-Ouest
Patrick Barnard, co-fondateur, Save The Park! Sauvons le parc!
Pierre Dénommé, directeur, Sentier Urbain
Don Hobus, vice-président, Sierra Club Québec
Shannon Franssen, coordonnatrice, Solidarité Saint-Henri
Melanie Stuy, présidente, St-Raymond's Residents' Association
Louise Harel, chef de l'opposition officielle, Ville de Montréal
Richard Bergeron, chef de la 2e opposition, Ville de Montréal
Marilynn Gillies, vice-présidente, Westmount Walking and Cycling Association