M. Pratte,

M. Pratte,

Dans votre éditorial d'hier, je trouve que vous êtes «à côté de la coche». Il m'apparaît évident qu'en ne vendant pas sa raffinerie de Montréal, Shell vise à contrôler l'offre du raffinage dans le monde. J'ai l'impression que Shell se positionne actuellement pour le moyen et le long terme. Après cette récession et aussi compte tenu du contexte mondial, la demande mondiale ne sera jamais plus aussi forte. C'est dans une perspective de vouloir contrôler l'offre de raffinage que Shell prévoit réduire ses opérations. Les gens de Shell proviennent des meilleures universités. Ils savent planifier. Ils calculent très bien. Ils ont un excellent sens de l'analyse. Ils ne sont pas dupes des changements qui surviennent à l'échelle planétaire.

Michel Lapierre, Les Coteaux

De la parole aux actes

« J'ai vraiment l'impression qu'on se fait fourrer aujour­d'hui », aurait tonné le député libéral Denis Coderre. Si M. Coderre croit vraiment que la raffinerie Shell de Montréal-Est est un joyau industriel pour Montréal, pourquoi alors ne pas passer de la parole aux actes? Pourquoi ne pas arrêter de tirer à boulets rouges sur Shell (qui a le droit de disposer de ses différents actifs de production comme elle l'entend, selon son plan d'affaires à l'échelle de la planète) et plutôt s'asseoir avec les travailleurs de Shell et monter un plan d'affaires pour reprendre les activités de cette raffinerie? 400 travailleurs vont perdre leur emploi, nous dit-on. 400 travailleurs qui, selon moi, auraient les moyens d'investir chacun 50 000 $, ce qui permettrait d'amasser un capital de 20 millions, auquel un investisseur institutionnel pourrait à son tour ajouter 20 millions, pour un total en équité de 40 millions. Cet investissement en équité de 40 millions serait suffisant pour contracter des emprunts et faire l'acquisition de la raffinerie. Ça s'appelle «se prendre en main»! Un investisseur institutionnel serait heureux de s'associer avec ces travailleurs parce qu'il aurait la conviction que ceux-ci agiront dans leur travail quotidien en entrepreneur, en propriétaire, pour le bien de l'entreprise.

Il est décevant que nos élus libéraux à Québec, qui ont des contacts aux plus hauts niveaux dans les cercles d'affaires québécois, n'aient pas pris d'initiatives dans ce dossier. Il serait pourtant naturel pour eux de faire preuve de créativité et trouver un moyen de reprendre les activités de cette usine. Par ailleurs, nos élus du Parti québécois font preuve du même immobilisme. Comment pouvons-nous penser bâtir un pays avec ces gens alors qu'ils ne sont même pas en mesure d'élaborer un début de stratégie visant à préserver une des trois dernières raffineries situées en territoire québécois ?

Yvan Routhier, Outremont