Cela ne s'arrête pratiquement pas, du printemps jusqu'à tard l'automne. Jusqu'à ce que l'abri Tempo ait enlaidi l'entrée de garage des duplex et des bungalows de l'est de Montréal. À ce moment, soulagement indicible, exception faite de la souffleuse à neige, les moteurs se taisent. J'appelle bizoune tout instrument électrique remplaçant l'outil manuel et qui m'apparaît être dans les mains de certains hommes l'extension de leur membre viril, tant la jouissance est manifeste lors de l'utilisation. C'est à qui aura la plus grosse bizoune et le bruit généré par l'engin en est le critère absolu. Je n'ai pas vu de femmes manipuler ce genre d'outils.

Cela ne s'arrête pratiquement pas, du printemps jusqu'à tard l'automne. Jusqu'à ce que l'abri Tempo ait enlaidi l'entrée de garage des duplex et des bungalows de l'est de Montréal. À ce moment, soulagement indicible, exception faite de la souffleuse à neige, les moteurs se taisent. J'appelle bizoune tout instrument électrique remplaçant l'outil manuel et qui m'apparaît être dans les mains de certains hommes l'extension de leur membre viril, tant la jouissance est manifeste lors de l'utilisation. C'est à qui aura la plus grosse bizoune et le bruit généré par l'engin en est le critère absolu. Je n'ai pas vu de femmes manipuler ce genre d'outils.

Le carré de pelouse a la taille d'un mouchoir de poche et nécessite pourtant une tondeuse électrique ou à gaz, un taille-bordure assourdissant, un aspirateur-souffleur à feuilles tout aussi infernal, gros comme un canon et que l'on sort avec fierté une fois l'an, une tronçonneuse pour trois branches de thuya qui vous enveloppe le quartier d'un vacarme de chantier dont les forêts les plus reculées de l'Abitibi ou de la Gaspésie ont perdu le souvenir, Et puis, raffinement suprême et récent, voici le nettoyeur à jet sous pression qui vous râpe les fondations d'une maison et ses balcons entre 13h et 18h un beau samedi de juillet. Les gargouilles de l'Église Notre-Dame n'ont rien vu de pareil. Mais cela n'est rien. Il faut s'être assise un dimanche après-midi dans son jardin, croyant pouvoir profiter comme Dieu du septième jour, pour sentir la fureur vous gagner alors qu'en toute impunité votre voisin sort sa scie électrique et sa ponceuse à métal pour la ranger vers 20h. Discussions, engueulades, appel à Police secours. Inutile. Tout recommence la semaine suivante. Cela dure depuis cinq ans.

Après avoir vécu 30 ans à l'ouest du boulevard Saint-Laurent, plus précisément à Outremont, je pose la question suivante aux élus de l'arrondissement et à l'administration de Montréal: pourquoi deux poids, deux mesures à l'est et à l'ouest? Comment expliquer le laxisme prévalant dans le secteur Louis-Riel, où j'habite, alors que le règlement d'Outremont interdit la tondeuse à moteur le dimanche et les travaux de rénovation? Je ne toucherai pas la question de la pollution visuelle des secteurs commerciaux dans ce qui me semble atteindre des sommets de laideur à Montréal. Entre l'avenue Mc Gill pavée d'or et la rue Sherbrooke angle Langelier au paysage affligeant, existe un fossé culturel historique qui n'a jamais été comblé et ne semble pas devoir l'être de sitôt.

À quand un règlement sur l'utilisation des outils et des campagnes de promotion visant à décourager le culte de la pelouse? La nouvelle tendance en aménagement paysager va dans ce sens.