Au moment où j'écris ces lignes, le jeudi 23 février 2012, entre 16h 00 et 16h 40, plusieurs centaines d'étudiants, plus smattes que les autres,  ont décidé, une fois la manifestation «principale» terminée, de faire  comme ça, sans coup férir et sans consultation avec les instances  officielles, une deuxième manifestation consistant à bloquer le pont Jacques-Cartier en pleine heure de pointe.

Je pense déjà à l'amour effréné que vont éprouver les automobilistes retardés à l'égard de ces pauvres petits étudiants opprimés et quasiment affamés.

J'appuie de mille manières les revendications étudiantes.  Mais ayant été militant étudiant au début des années 60 et ayant vu de nombreux  mouvements étudiants lorsque j'ai enseigné au niveau collégial pendant 37 ans, je remarque des constantes qui me désolent, tant dans les mouvements étudiants que dans les mouvements de travailleurs ou dans divers mouvements se battant pour certaines causes, parfois très justes,  comme la paix, par exemple.  

Il arrive fréquemment que certains groupes, plus ou moins isolés et se  prenant pour l'avant-garde de l'avant-garde décident de convaincre certains manifestants de les suivre pour poser divers gestes  «révolutionnaires» et non prévus par les organisateurs officiels de la  manifestation.  

La plupart du temps ces actions «marginales» et hautement subversives  consistent dans le fait de poser des gestes qui vont brasser l'apparente  indifférence des citoyens «normaux» et «endormis». Le résultat est à  chaque fois le même: ces avant-gardistes viennent de se mettre à dos une partie de la population, cette population dont ils ne cessent de réclamer l'appui inconditionnel et aveugle.

Enfin, l'histoire se répète, du moins dans une certaine mesure.