Le débat entourant la présence du directeur général du Bloc québécois, Gilbert Gardner, sur la liste de paie de la Chambre des communes met en lumière la distinction mince et diffuse entre travail partisan et travail parlementaire. Certes, ce cas paraît mal, mais la pratique concerne aussi plusieurs postes dans tous les partis. L'évolution de la politique canadienne a fait en sorte que les moyens parlementaires se sont concentrés vers les bureaux des chefs. Avec l'assentiment de tous les partis en place, les parlementaires ont accordé à leurs chefs des budgets de fonctionnement démesurés en comparaison à ceux des simples députés. Si bien qu'aujourd'hui, les chefs de partis reconnus à la Chambre des communes sont à la tête d'équipes imposantes dont les membres ne consacrent pas nécessairement l'essentiel de leur temps à des tâches parlementaires. Combien de conseillers politiques à l'emploi de la Chambre travaillent au recrutement de candidats? Combien de recherchistes oeuvrent à la rédaction de la prochaine plate-forme électorale de leur parti? Combien d'attachés de presse relaient des communiqués partisans via leur téléphone intelligent fourni par la Chambre des communes? Ces pratiques se situent toutes dans des zones grises qui, au fond, ont toujours convenu aux partis en place. On peut dire que le double chapeau porté par Gilbert Gardner pendant le règne de Gilles Duceppe était maladroit, mais il serait surprenant que l'enquête de la Chambre permette de porter un blâme. En attendant, il ne faudrait pas oublier que M. Gardner passait bien plus de temps sur la Colline parlementaire à Ottawa que plusieurs employés de la Chambre, tous partis confondus.