L'affaire de la fausse décote de la France par l'agence Standard & Poor's est très révélatrice des comportements mafieux qui régissent le système financier international.

Comment ne pas penser que cette «regrettable petite erreur» (qui va coûter aux contribuables français la bagatelle de plus de 2 milliards d'euros en frais d'intérêts supplémentaires pour l'année à venir) n'a pas été sciemment orchestrée par les «parrains» de la finance mondiale?

En effet, la France est le pays qui a manifesté la plus grande volonté de s'attaquer aux dérives du système et qui s'est prononcé le plus clairement pour une régulation sévère des marchés financiers. Cet «avertissement» servi par les rapaces de la haute finance (qui empochent du même coup de juteux bénéfices, comme ils ont pris l'habitude de le faire dans toutes leurs opérations de spéculation menées désormais à l'échelle des états nationaux), est du même ordre que les menaces, faites sur les chantiers de construction de Montréal, de casser les jambes à quiconque ose s'attaquer au monopole qui prévaut dans ce secteur.

La mafia est partout, incrustée dans tous les rouages de la société, et c'est cela le vrai motif de notre indignation et la cible de toute action correctrice. La solution n'est pas simple, et semble-t-il n'est pas connue de personne. Faudra-t-il casser le système, le réguler, le réformer de l'intérieur, ou bien... changer le coeur de l'Homme (vaste et laborieux programme)?

Dans cette perspective, le mouvement des indignés a tout à fait sa place, n'en déplaise au ministre Raymond Bachand, qui n'arrive pas à saisir la dimension du phénomène. Espérons que ces courageux jeunes (et moins jeunes) gens qui occupent le square Victoria à Montréal puissent continuer par leur présence au coeur même du secteur financier de la métropole à mettre le phare sur le cancer qui nous ronge: la rapacité d'un petit nombre de mafieux qui cherchent à préserver leurs privilèges et à continuer à s'enrichir en appauvrissant le commun des mortels. À nous de chercher tous ensemble le remède, qui se situe vers d'autres valeurs. À nous aussi de nous mobiliser pour protéger ce lieu de réflexion au cas où une intervention éventuelle des autorités viendrait le menacer.