Quand j'étais petite, comme la plupart des enfants, j'adorais l'Halloween. Et nous n'avions qu'à faire un tronçon de rue pour que nos sacs débordent. Les plus raisonnables d'entre nous en avaient jusqu'à Noël.        

C'est donc le coeur léger que mon conjoint, mon petit clown, mon petit mouton et moi sommes partis «passer l'Halloween». Nous nous sommes d'abord rendus au coeur de St-Gérard-des-Laurentides, là où nous habitons. Déception. Comme l'année dernière, à peine une dizaine de maisons arborent décorations et lumières accueillantes. Si bien que les quelques courageux chasseurs de bonbons des alentours font la tournée en voiture, faisant des sauts de puce d'une maison à l'autre.

Qu'à cela ne tienne, nous décidons d'embarquer également dans notre véhicule pour aller dans Shawinigan-Nord. Nous quadrillons les quartiers, à la recherche de fantômes et de sorcières. Tout est mort. Les maisons sont curieusement noires (à part les fenêtres des sous-sols). Nous jetons finalement notre dévolu sur la rue Beaupré où un semblant d'attroupement nous attire. Une maison sur vingt est décorée..... Il faut marcher longtemps pour ramasser la maigre pitance....

Je me suis alors rappelée un texte de Bryan Perro, publié dans le Nouvelliste il y a deux ou trois ans, où il exhortait les gens à faire un effort pour accueillir les enfants à l'Halloween.... Bryan, ça n'a pas fonctionné...

Serait-ce effectivement, trop vous demander, une soirée par année, de vous mettre une perruque sur la tête et un sourire dans la face pour faire plaisir aux enfants?  Bien sûr, vous avez tous de très bonnes raisons pour ne pas ouvrir votre porte: vous travaillez beaucoup, vous finissez tard, vous êtes fatigués, vous êtes trop vieux pour ces niaiseries-là, les bonbons coûtent cher, votre religion vous l'interdit... Mais mon fils de quatre ans ne fait pas la différence entre les bonbons de Dollarama et les chocolats équitables d'Équateur. Il se fout bien de savoir que la situation économique met votre poste en péril. Il ne comprend tout simplement pas pourquoi le monsieur, qu'il voit écouter la télé dans son salon, ne répond pas à son coup de sonnette. Et ça lui fait de la peine.

Il fut une époque où l'on croulait sur les bonbons, où les vieux chialeux qui n'en donnaient pas étaient la cible des garnements toute l'année durant. Il fut une époque ou l'Halloween était une fête mémorable. Comme ce l'était, samedi, à St-Mathieu-du-Parc (Chapeau, en passant!). Maintenant, l'Halloween, c'est marcher des heures, dans des rues noires et presque désertes habitées par des gens se terrant dans leur sous-sol pour ne pas avoir à supporter le sourire plein d'espoir d'un enfant. Joyeuse Halloween...