Exaspérés par le refus entêté du premier ministre Charest à ouvrir une commission d'enquête publique sur la construction, nous n'avons pas eu l'occasion de se rappeler d'une coutume diplomatique qui semble ignorée par nos politiciens : lors d'une visite à l'étranger, il ne faut jamais  parler des affaires publiques internes.

Exaspérés par le refus entêté du premier ministre Charest à ouvrir une commission d'enquête publique sur la construction, nous n'avons pas eu l'occasion de se rappeler d'une coutume diplomatique qui semble ignorée par nos politiciens : lors d'une visite à l'étranger, il ne faut jamais  parler des affaires publiques internes.

En visite officielle à Paris, M. Charest se prononce sur le départ de son principal rédacteur de discours ou bien sur les déclarations du commissaire de l'Unité permanente anticorruption (UPAC), Robert Lafrenière. Or, l'histoire de la diplomatie française nous enseigne que lorsqu'on est en mission à l'international, il n'est pas très poli, pour dire le moins, de se prononcer sur des questions de politique intérieure malgré les inévitables problèmes du moment. Dans le fond, le linge sale se lave en famille. À cet égard, le président de la République française, M. Sarkozy, est un fin connaisseur des rouages du système diplomatique international. En visite à Varsovie, en pleine crise interne, il est interrogé par un journaliste français sur un possible remaniement ministériel. Très calme, affichant même une certaine arrogance à la Talleyrand, le président lui répond : « Sur votre dernière question, vous comprendrez qu'à Varsovie, comme d'ailleurs dans les autres capitales, je ne dise pas un mot de problèmes de politique intérieure, sur lesquels j'aurai l'occasion de m'exprimer cette semaine. »

En évitant de parler des problèmes spécifiques du Québec sur le sol français, M. Charest aurait fait preuve de tact, d'autant plus qu'il faut promouvoir et vanter le Plan Nord. On peut se demander comment la communauté d'affaires parisienne a réagi après avoir entendu notre premier ministre parler de « police », « enquête publique », « enquête parallèle », et j'en passe, dans un contexte si difficile en France et en Europe à cause des multiples inquiétudes liées à la dette souveraine des États ou à la faible liquidité de l'argent dans le système bancaire. Les moindres soupçons de collusion ou de corruption à l'égard d'un pays, peuvent facilement effrayer les investisseurs.

Connaître et respecter les coutumes diplomatiques s'avère d'une importance cruciale pour un chef de gouvernement. Et à ce chapitre, les Français nous donnent encore des leçons...