En Europe ou aux États-Unis, les salles de concert et les maisons d'opéra honorent la mémoire de certaines personnes. À Paris, par exemple, la salle Gaveau porte le nom d'un fabricant de pianos célèbre.  On parle couramment de l'ancien Opéra de Paris comme du Palais Garnier, du nom de son architecte. La salle Anton-Bruckner à Linz en Autriche perpétue le nom du plus célèbre compositeur de la région.

Chez nos voisins du Sud, il est d'usage de leur attribuer le plus souvent le nom des mécènes qui ont contribué à leur construction.  C'est le cas du Walt-Disney Concert Hall à Los Angeles (don important de la veuve); du Louise M. Davis Symphony Hall à San Francisco,  du Carnegie Hall et de l'Avery Fisher Hall à New York.

À Montréal, la nouvelle salle s'appelle la Maison symphonique pour l'instant. Je veux bien, mais cet édifice prestigieux que tous acclament devrait devenir un lieu de mémoire rappelant la contribution d'un personnage à la genèse de l'OSM.

Le nom de Pierre Béique me vient d'abord à l'esprit. Ce diplômé du prestigieux MIT mis de côté sa carrière d'ingénieur pour se consacrer entièrement et pendant de longues années à la naissance et au développement de la Société des concerts symphoniques de Montréal (nom porté par l'orchestre jusqu'en 1954).  Je songe également à Jean-Clovis Lallemand, philanthrope dont les largesses profitèrent à l'OSM et à d'autres organismes musicaux.

Cependant, j'avoue ma préférence pour le couple Athanase et Antonia David. En 1934,  David (1882-1953) était secrétaire de la Province dans le cabinet Taschereau. À ce titre, la culture faisait partie de son mandat. Et grâce à lui, le gouvernement du Québec débloqua les fonds qui ont permis la création de notre orchestre. Son épouse, née Nantel, s'engagea entièrement avec lui dans le projet et soutint Wilfrid Pelletier avec compétence et énergie, notamment dans la mise sur pied des Festivals de Montréal (1936-1959).

Des hommes politiques autrefois ennemis se sont mutuellement congratulés d'avoir contribué à la réalisation de la Maison symphonique. Pourquoi ne pas immortaliser à titre posthume l'un de leurs prédécesseurs sans lequel un orchestre symphonique permanent n'aurait pas vu le jour dans notre ville? Une salle Antonia et Athanase David à Montréal? Pourquoi pas?