Cher Michel, je m'en voudrais de ne pas prendre le temps de vous saluer une dernière fois, vous qui avez toujours su être généreux de votre temps et de votre amitié envers moi et envers un grand nombre de mes collègues du monde de la presse.

Pendant près d'une décennie, j'ai eu le plaisir et le privilège de travailler à vos côtés au sein du Conseil de presse, de vous assister au moment où vous présidiez aux destinées de l'organisme. De toutes ces années, je garderai un excellent souvenir. Le souvenir d'un journaliste plus grand que nature, doté d'une vision d'humaniste. Le souvenir d'un homme d'honneur, j'oserais même dire d'un véritable gentleman pourvu d'un fin sens de l'humour et d'une remarquable gentillesse. Je garderai en mémoire, entre autres, quelques repas cordiaux et animés, partagés ensemble autour d'un bon vin.

Je sais combien vous étiez humble, Michel, mais à défaut d'heurter votre modestie je vous rappellerai tout de même que vous avez servi d'inspiration, tout au long de votre carrière, à une génération entière de journalistes, la mienne, pour qui vous aurez été un mentor. Dans l'au-delà, Michel, vous pourrez compter, si besoin est, autant sur mon estime et sur mon affection.

Bien que vous n'hésitiez jamais à monter aux barricades pour défendre ce métier, cette profession que vous adoriez, vous saviez être en revanche l'un de ses principaux critiques, sans complaisance aucune envers tout ce qui vous apparaissait être un appauvrissement du journalisme, des articles, des reportages, des titres sensationnalistes ou de piètre qualité.

À vos yeux, l'exactitude des faits, la rigueur, l'impartialité et la profondeur de l'analyse devaient caractériser tout acte journalistique. Vous étiez sans compromis à l'égard de la qualité de l'information.

Ironiquement, vous disparaissez à un moment où le monde de l'information vit une mutation profonde avec l'émergence du numérique et des réseaux sociaux, et où certains s'interrogent même sur l'avenir du journalisme.

Sans doute auriez-vous encore eu le goût d'aller vous-même sur le front pour défendre l'existence d'un métier que vous jugiez essentiel à la vie démocratique.

Mais ce qui faisait de vous un grand journaliste, c'était surtout cette humanité profonde qui vous habitait tout entier. C'est de cette qualité humaine dont sont issus les plus grands du métier, je ne doute pas.

Je ne peux que souhaiter, Michel, que Dieu ou l'Univers saura vous accueillir comme le bel être humain que vous avez su être.

En terminant, ma pensée va aux membres de votre famille. Votre conjointe Monique et vos enfants, Isabelle, Mathieu et Patrice, à qui j'offre mes plus sincères sympathies.