Dans sa lettre, Martin Lavallée prétend que l'exclusivité donnée à l'anglais comme langue seconde à l'école se fait au détriment de l'apprentissage d'autres langues et à l'effritement de la culture nationale du Québec.

Je souscris à l'argument que l'avenir appartiendra aux sociétés qui sauront échanger avec le plus grand nombre possible de régions du monde par la maîtrise de leurs langues. Donc, je suis d'accord en principe que l'apprentissage de plusieurs langues secondes soit un atout essentiel pour les Québécois. Plusieurs exemples dans son texte appuient cet argument avec justesse. Toutefois, je ne partage pas son avis par rapport à l'anglais. Je ne pense pas que le gouvernement impose l'anglais comme langue seconde. Je pense plutôt que la position de l'anglais dans le monde est encore incontournable, dans un avenir prévisible et peu importe notre opinion sur la culture de l'Anglosphère, et qu'il est justifié que les ressources actuelles de l'État québécois pour l'apprentissage des langues secondes soient en pratique concentrées vers l'anglais. Évidemment, tout en maintenant une excellente maîtrise du français.

De plus, je suis complètement en désaccord avec l'argument que l'apprentissage de l'anglais par les Québécois mènerait directement à l'effritement de la culture québécoise par rapport à la culture anglo-américaine. Les Québécois, les jeunes en particulier, ne sont pas attirés par la culture anglophone parce qu'ils ont appris l'anglais. Non, ils le sont parce qu'elle est porte en elle diverses traditions occidentales auxquelles nous souscrivons, la liberté au premier chef. Aussi, elle met beaucoup l'accent sur le sentiment que « tout est possible à qui le veut bien ». Ces messages sont puissants et sont loin d'être négatifs.

Ce pouvoir d'attraction est négativement biaisé par d'anciens débats postcoloniaux, autrefois pertinents, mais qui ne sont plus en contact avec la réalité du Québec d'aujourd'hui. Au lieu de blâmer des forces obscures et impériales, ne devrions-nous pas nous demander pourquoi notre culture nationale, qui du reste est magnifiquement unique et mérite de survivre, n'inspire plus autant qu'avant et pourquoi nous lui manquons si souvent de respect ?

La réponse à cette question n'a pas à traverser une frontière pour se rendre à nous. Nous en sommes les seuls responsables.