Dans la présente campagne électorale, les autres partis ont choisi d'attaquer les conservateurs sous l'angle de l'éthique. A priori, cela peut sembler une stratégie gagnante. En effet, le mensonge et la tromperie du Parlement (notamment les violations de la Loi électorale, les abus aux sommets du G8 et G20 décriés par la vérificatrice générale, le soutien à la ministre Oda ayant pourtant falsifié des documents, et le coût inconnu des avions de chasse) devraient à eux seuls horrifier au plus haut point des électeurs sensibles à l'éthique et à l'honnêteté de leurs dirigeants. En fait, si le mensonge était un crime, sans doute M. Harper mériterait-il davantage la prison qu'une élection. De surcroît, le mépris des institutions démocratiques, le gouvernement en vase clos, la culture du secret, la méfiance à l'endroit des médias, le musellement de la fonction publique, l'abandon des traités signés, la mise au ban du Canada dans les instances démocratiques et environnementales internationales, tout cela devrait horripiler une population soucieuse de moralité et de transparence. Mais dans les faits, si l'éthique et la moralité sont des valeurs prisées par la population, elles ne semblent pas influencer beaucoup le vote. On le voit bien dans les municipalités, où des maires ripoux sont élus et réélus malgré tout ce que l'on sait sur eux. Il en va de même pour les questions constitutionnelles, environnementales, et même économiques. En fait, même si ce dernier aspect peut sembler crucial, bon nombre d'électeurs ne veulent même pas savoir si l'économie en général se portera mieux avec tel ou tel parti au pouvoir. Non, dans notre belle démocratie où la population désabusée et cynique à l'endroit de ses dirigeants ne veut même pas d'élection, le véritable enjeu tient souvent au portefeuille personnel: de combien sera le chèque de remboursement d'impôt, d'allocation familiale ou de crédit de TPS. Exit le débat d'idées, et M. Harper l'a bien compris. On a les leaders qu'on mérite!