Lors du lancement de son mouvement politique Coalition pour l'avenir du Québec, François Legault a mentionné que l'éducation devrait être la priorité nationale. Il va de soi que je partage cette idée, qui me semble d'ailleurs faire relativement consensus dans notre société.

Lors du lancement de son mouvement politique Coalition pour l'avenir du Québec, François Legault a mentionné que l'éducation devrait être la priorité nationale. Il va de soi que je partage cette idée, qui me semble d'ailleurs faire relativement consensus dans notre société.

Cependant, il est inquiétant de constater que certaines personnes cherchent à développer des évaluations de performance pour les enseignants. Cela laisse d'ailleurs entendre que les enseignants ne sont pas actuellement évalués, ce qui est faux. Cela renforce aussi le préjugé relativement répandu colportant l'idée que les enseignants incompétents ne sont jamais congédiés, ce qui encore ici est complètement faux. Ce qui est inquiétant n'est pas l'intention poursuivie, qui consiste au fond à améliorer notre système d'éducation, mais plutôt le moyen utilisé. Au fait, j'aimerais qu'on nous dise en quoi consiste une école performante? D'ailleurs, ceux qui jugent la performance à travers des statistiques de réussite, que je nomme affectueusement les bureaucrates de la réussite, concluent trop souvent que la qualité en éducation s'évalue à travers ces statistiques. À cet égard, il serait peut-être plus pertinent de parler d'excellence et non de performance.

Ce que doivent comprendre les politiciens, les gestionnaires en éducation et tout ceux qui s'intéressent de près ou de loin à l'éducation, c'est qu'il faut faire confiance aux enseignants et les laisser travailler avec tout le professionnalisme qui les caractérise. Parler d'indicateur de performance, c'est nécessairement les influencer de manière perverse, car au fond, qui ne veut pas être perçu comme performant? Fondamentalement, il faut rétablir l'autorité et le respect des enseignants afin que leur jugement professionnel soit respecté. Il faut aussi rétablir l'autorité et le respect envers les directions d'école afin que ces dernières n'aient pas peur de soutenir le jugement des enseignants. Il faut aussi arrêter de croire que la pédagogie est une science exacte et commencer à écouter davantage ceux qui travaillent sur le terrain. Il faut aussi arrêter de s'imaginer que nos étudiants sont des clients et penser que les enseignants sont des accompagnateurs. Au fond, il faut laisser les enseignants enseigner.