Ce sont sans doute les libéraux qui se réjouiront le plus de l'arrivée de Lucien Bouchard comme représentant de l'industrie dans le dossier de l'exploitation des gaz de schiste. Les opposants au projet pourront difficilement le soupçonner de collusion avec le parti au pouvoir! Les talents de communicateur et de négociateur de M. Bouchard sont bien connus. Sauront-ils cependant faire oublier certains dossiers qui ont marqué son règne comme premier ministre et qui nous ont révélé l'homme comme quelqu'un d'entêté et prêt à prendre tous les moyens pour atteindre ses objectifs: l'envoi massif et prématuré des infirmières à la retraite pour atteindre l'objectif du «déficit zéro» dans le cadre du projet sur la souveraineté, l'imposition des fusions municipales à l'échelle du Québec pour régler les problèmes de Montréal et de Québec, sans oublier la cicatrice laissée dans le paysage de Charlevoix par la réfection de la côte des Éboulements malgré l'avis presque unanime des experts en urbanisme qui, à l'époque, s'y opposaient? La venue de M. Bouchard permettra-t-elle d'assainir le débat comme le souhaitent les libéraux, ou renforcera-t-elle encore davantage la méfiance des opposants et de la population face aux appétits d'une industrie qui a pour réputation d'«exploiter le milieu», et ce, trop souvent, dans le plein sens du terme?