J'ai participé lundi soir à l'enthousiasmant rassemblement anti-loi 115, anti-bâillon, pro-loi 101, pro-Québec français.

J'ai participé lundi soir à l'enthousiasmant rassemblement anti-loi 115, anti-bâillon, pro-loi 101, pro-Québec français.

J'ai 70 ans, je ne vivrai pas le Québec de 2030 et j'ai des questions. Le français y sera-t-il toujours la seule langue nationale? Et surtout, cette dernière sera-t-elle encore vraiment vivante dans les rues et les chaumières? La réponse à ces questions ne m'appartient pas; elle appartient aux 20-40 ans, très bien représentés au rassemblement d'hier. Tous les jeunes de cette génération se doivent d'examiner leur lien quotidien avec le français, dans leurs contacts avec leurs compagnons et compagnes, dans leurs lieux de travail et de loisirs, dans la vie publique en général.

Les «de souche» ont-ils, avec leur langue, ce lien affectif qui les incite à ne pas passer à l'anglais dès que la personne rencontrée n'a pas exactement le même accent ou cherche un peu trop ses mots? Tous ces jeunes, quelle que soit leur origine, vont-ils continuer à accepter sans mot dire (sans maudire) qu'on s'adresse à eux en anglais dans les commerces et autres institutions? Sont-ils prêts à accorder une attention plus soutenue à bien parler et à écrire correctement leur langue? Ont-ils le goût de laisser à leurs enfants la passion d'appartenir à ce peuple distinct, culturellement et linguistiquement, dans cette mer anglophone d'Amérique du Nord?

Pendant une quinzaine d'années, la loi 101 a favorisé une avancée notable du français au Québec. Depuis maintenant presque 20 ans, le français est en déclin, sinon en péril, surtout dans la grande région de Montréal. La loi 115 vient d'administrer une nouvelle gifle à notre langue nationale.

Les 20-40 ans doivent se convaincre que, au Québec, les acquis linguistiques sont très fragiles et que leur permanence repose entre leurs mains. L'épanouissement du français exige qu'ils s'engagent aussi sérieusement que la «vieille» génération. Cette dernière ne sera plus là en 2030 et elle ne demande pas mieux que de leur transmettre le flambeau.