Je ne méprise pas ceux qui regardent, vénèrent et dégustent les émissions de téléréalité. Certains d'entre eux, éventuellement, cherchent une certaine «réalité», une certaine «vérité», un certain portrait ou «autoportrait» et espèrent qu'ils vont finir par mieux se connaître eux-mêmes («connais-toi toi-même!») en voyant s'agiter, dans un cadre factice et artificiel, des êtres «réels» plutôt que des êtres de fiction.

Je ne méprise pas ceux qui regardent, vénèrent et dégustent les émissions de téléréalité. Certains d'entre eux, éventuellement, cherchent une certaine «réalité», une certaine «vérité», un certain portrait ou «autoportrait» et espèrent qu'ils vont finir par mieux se connaître eux-mêmes («connais-toi toi-même!») en voyant s'agiter, dans un cadre factice et artificiel, des êtres «réels» plutôt que des êtres de fiction.

Je me rappelle l'époque glorieuse où il était question du cinéma-vérité, du cinéma direct, du cinéma documentaire qui tentait de mieux saisir, en profondeur, certaines personnes, certains événements, certains contextes ou certaines situations. Quoi qu'on puisse en dire, il y a peu en commun entre «le cinéma-vérité-réalité» et ce genre télévisuel délétère et «voyeur» qu'on appelle la téléréalité.

Récemment les «scoopistes sensationnalistes» de la télévision italienne (dans une chaîne appartenant à Berlusconi) ont annoncé le décès de Sarah Scazzi, jeune fille de 15 ans, morte après avoir été violée par son oncle. Le message funèbre s'adressait, en direct et sans gants blancs, à la mère, participante à une émission de téléréalité.

Dans certains pays, les émissions de téléréalité «flirtent» de plus en plus avec la mort. C'est là l'ultime étape qui ne peut que succéder à un ensemble d'étapes antérieures, de plus en plus basées, au fil du temps, sur l'ébaubissant, sur l'époustouflant, sur le palpitant, sur le «dégradant», sur le scabreux et sur le «scandaleux».

Certaines personnes sont déjà décédées dans le cadre d'émissions de téléréalité. Quand verrons-nous le retour du «sacrifice humain» en direct, comme se le demande pertinemment le philosophe Michel Serres?