Mme la ministre Normandeau, je suis un citoyen du Québec, résident de Montréal, contribuable depuis plus de 30 ans et j'ai à coeur, moi aussi, l'avenir de notre société.

Mme la ministre Normandeau, je suis un citoyen du Québec, résident de Montréal, contribuable depuis plus de 30 ans et j'ai à coeur, moi aussi, l'avenir de notre société.

C'est à ce titre que je vous demande d'émettre un moratoire sur l'exploitation des gaz de schiste.

Les quelques informations disponibles à propos de cette nouvelle exploitation me paraissent bien trop embryonnaires pour que vous puissiez honnêtement prendre des décisions éclairées à ce sujet. Que savez-vous réellement de ses impacts? À lire les quelques articles parus ces derniers jours, vous vous contenteriez des études rassurantes des compagnies gazières? Nous attendons beaucoup plus que cela de notre gouvernement.

Le seul avantage économique ne devrait pas suffire à justifier votre précipitation. Bien au contraire.

Est-il besoin de vous rappeler que vous faites partie d'un gouvernement élu et, qu'à ce titre, votre devoir est de tenir compte des intérêts de vos concitoyens? Or, nos intérêts ne sont plus qu'économiques en ce début de troisième millénaire, loin de là. Nous sommes préoccupés par le mieux-être, l'environnement, la santé, la justice sociale, le respect, etc. Et rien, à ce jour, n'assure que ces valeurs sont considérées par vous ou les exploitants à qui vous semblez bien pressée de donner votre bénédiction.

Je vois se répéter ce vieux modèle obsolète: une grande industrie flaire la bonne affaire sur notre territoire; un gouvernement aux prises avec des difficultés budgétaires et toujours en quête d'une réélection voit l'occasion facile et rapide d'encaisser quelques revenus; la compagnie ne le sait que trop.

Elle réussira à brader les ressources contre des redevances ridicules, zéro entrave à l'exploitation et la prospérité temporaire de quelques milliers d'emplois ô combien utiles électoralement.

Après, une fois la ressource épuisée, la compagnie quitte les poches pleines laissant derrière elle des régions dégradées, souillées, minées lentement. Et c'est à leurs frais que les citoyens devront se relever. Combien de fois allons-nous laisser se répéter les mêmes erreurs? Combien de décisions à trop courte vue et motivées par le seul argument de l'économie, allez-vous encore prendre dans notre pire intérêt à long terme?

À défaut de les connaître, je crains fort que vos raisons de permettre l'exploitation des gaz de schiste ne soient pas les bonnes pour nous. C'est pour cela, et parce que je ne vois aucune urgence d'agir maintenant (après tout, cette ressource est enfermée dans notre sous-sol depuis des millénaires, elle ne risque pas de disparaître) que je vous demande ce moratoire. Je crois nécessaire d'au moins savoir ce qui vous presse tant.