Depuis le 1er juillet, je suis nouvelle résidente en médecine. Je suis heureuse d'avoir choisi cette profession et j'ai bon espoir de pouvoir un jour prodiguer des soins de qualité aux Québécois et Québécoises. Toutefois, je me désole parfois des décisions prises par notre gouvernement et je me demande vraiment si ce dernier est à l'écoute des réels besoins de la population.

Ainsi, la récente annonce sur le financement des techniques de procréation assistée pour les couples infertiles fait germer le doute dans mon esprit. La décision a été annoncée du jour au lendemain bien qu'aucun mouvement particulier ne l'ait réclamée.

Le gouvernement a-t-il demandé l'avis des contribuables, qui paieront pour un service dont la majorité ne bénéficiera pas? A-t-il demandé l'avis des aînés qui croupissent dans des CHSLD non climatisés ou de leurs enfants qui attendent désespérément un place pour eux en établissement? A-t-il demandé l'avis des médecins de famille dont les horaires sont de plus en plus chargés faute de ressources adéquates? A-t-il demandé l'avis des médecins qui manquent de ressources et de relève pour prodiguer des soins à domicile, des soins palliatifs, des soins aux personnes âgées et des soins en région éloignée, pour ne nommer que ceux-là? A-t-il demandé l'avis des gynécologues-obstétriciens, qui doivent souvent refuser de suivre de nouvelles patientes tellement la demande est élevée? Il semble que non. Il semble plutôt que cette décision ait été prise pour éteindre le brasier provoqué par un lobby bien précis et bien visible.

Je ne prétends pas que la cause défendue par Mme Julie Snyder n'est pas louable, bien au contraire. Ce que je tiens à mettre en évidence, c'est que celle-ci n'est pas bien placée pour évaluer les priorités en matière de soins de santé. Et je trouve dommage que de nombreuses priorités soient mises à l'écart, simplement parce que la cause défendue par un parti bien visible devient elle-même bien visible. Comme un de mes superviseurs m'a déjà dit: «Malheureusement, en médecine, on ne fait souvent que mettre un diachylon sur un problème, puis sur un autre, sans jamais régler les vraies priorités qui constituent la base, la fondation d'un système de soins de santé solide et durable.»

Il faut parfois avoir beaucoup de courage pour continuer à oeuvrer dans notre système de santé. J'espère en avoir assez.