Encore une fois, mardi soir, Barack Obama a livré un autre long et ennuyeux discours. Désincarné. À mille lieues des préoccupations immédiates des victimes de cette catastrophe écologique.

Encore une fois, mardi soir, Barack Obama a livré un autre long et ennuyeux discours. Désincarné. À mille lieues des préoccupations immédiates des victimes de cette catastrophe écologique.

D'abord, de la première et de la plus urgente préoccupation, boucher ce damné trou, d'où s'échappe une quantité phénoménale de pétrole. Depuis deux mois, une plaie béante, au fond du golfe du Mexique, n'en finit plus de suppurer son visqueux et polluant liquide. Si le président des États-Unis est incapable de dénicher chez lui, dans son propre pays, là où on compte le plus grand nombre de prix Nobel en physique et en chimie, quelqu'un qui sache comment arrêter cette poisseuse et gluante hémorragie de sang noir, c'est qu'il y a bel et bien alors péril en la demeure! En tout cas, comme aveu d'impuissance, on a rarement fait mieux.

Et puis, quid de la partie de son allocution d'hier sur la politique énergétique de son pays? Rendre les États-Unis moins dépendants du pétrole, n'a rien en soi d'original, c'est, depuis au moins Ronald Reagan, un incontournable leitmotiv de tous les présidents qui l'ont précédé. Décevant, frustrant même.

Il eût fallu l'entendre dire, car la situation effectivement le commandait vraiment à partir du Bureau ovale de la Maison-Blanche, que la brèche dans ce tuyau de forage appartenant à la pétrolière BP et qui crache tous les jours dans l'océan des millions de litres de brut, serait définitivement colmatée aujourd'hui ou demain au plus tard.

Ensuite, et malgré le fait qu'il ait réaffirmé la ferme volonté du gouvernement américain d'amener cette multinationale britannique à payer pour les dégâts, personne n'est dupe non plus. De toute façon, ce n'est pas à une compagnie privée, aussi riche soit-elle, de soutenir et de relever des communautés entières de la pire catastrophe écologique de l'histoire des États-Unis, communautés qui vont pâtir encore pendant longtemps des effets innombrables et insoupçonnables de cette marée noire; non, ce rôle il appartient au gouvernement américain de le jouer.

Les imprécations d'Obama contre BP ne suffisent plus à masquer sa propre impéritie, même si cette compagnie a tous les torts ou presque, et même si elle devait être acculée à la faillite pour aider à réparer le gâchis dû à sa propre irresponsabilité.

C'est dès le premier jour, après qu'il y eut mort d'hommes, que M. Obama aurait dû prendre en mains la situation, tasser BP de là et faire appel aux meilleurs ingénieurs civils et militaires du monde entier s'il le fallait pour stopper sur le champ la fuite de pétrole, synovie de l'ère industrielle.

Enfin quoi, on a déjà vu un autre président se faire crucifier sur la place publique pour beaucoup moins que ça.