Nous n'avons certainement pas l'intention de comparer les conséquences des deux catastrophes. Ce serait manquer de respect aux nombreuses victimes de Bhopal, et nous préférons laisser cette attitude à Dow Chemical. Et de l'autre côté, nous sommes encore réduits à ne pouvoir qu'envisager l'ampleur des dégâts dans le golfe du Mexique.

Nous n'avons certainement pas l'intention de comparer les conséquences des deux catastrophes. Ce serait manquer de respect aux nombreuses victimes de Bhopal, et nous préférons laisser cette attitude à Dow Chemical. Et de l'autre côté, nous sommes encore réduits à ne pouvoir qu'envisager l'ampleur des dégâts dans le golfe du Mexique.

Mais quelque chose nous travaille. Un sentiment de déjà-vu.

En 1984, une fuite de fluides toxiques causait la mort de plusieurs milliers d'Indiens et des problèmes de santé à de nombreux autres. Depuis 26 ans, la société qui exploitait le site, Union Carbide, et son nouveau propriétaire, Dow Chemical, fuient leurs responsabilités. Conséquence logique de ce déni: le site de Bhopal n'est toujours pas dépollué et les habitants ne sont pas indemnisés.

Aujourd'hui, BP est face à ce qui deviendra peut-être la plus grande catastrophe écologique de l'histoire. Comment va-t-il réagir? Comme Dow Chemical, en niant leur responsabilité et en faisant porter le poids de leurs erreurs à la collectivité? Ou comme une société responsable, en faisant la lumière exacte sur ce qui s'est passé, en prenant des sanctions, en modifiant ses pratiques pour qu'un tel désastre n'arrive plus, en nettoyant le site et en indemnisant la collectivité à hauteur du dommage encouru?

Cyniques, nous pourrions croire que, vu qu'il s'agit d'un désastre «chez nous», en Occident, les dirigeants tiendront BP à la gorge et ne lâcheront pas. Mais quand on sait que Exxon, après la marée noire de l'Exxon Valdez en 1989 en Alaska, a mené un combat juridique pendant 19 ans pour finalement voir son amende réduite des trois quarts par la Cour suprême des États-Unis, on est déjà moins optimiste...

À l'occasion de la journée mondiale de l'environnement, samedi, Amnistie internationale met l'accent sur la responsabilité sociale des entreprises, notamment en invitant Dow Chemical à enfin assumer Bhopal.

La responsabilité sociale des entreprises est depuis quelques années une notion de plus en plus reconnue; le désastre du golfe du Mexique vient nous rappeler l'importance de lui donner corps. Mais cela nécessitera un engagement citoyen de tous les instants.