Le monde s'éloigne de son coeur, et plus il est loin, moins il sent la douleur de ne pas le suivre. Ne pas l'entendre pour que continue ce mouvement sans but, autre qu'anesthésier la souffrance d'avoir oublié que la vie se vit, et ne s'achète pas. Mais ce mouvement est si vaste, si grand, qu'il est difficile d'y échapper.

Le monde s'éloigne de son coeur, et plus il est loin, moins il sent la douleur de ne pas le suivre. Ne pas l'entendre pour que continue ce mouvement sans but, autre qu'anesthésier la souffrance d'avoir oublié que la vie se vit, et ne s'achète pas. Mais ce mouvement est si vaste, si grand, qu'il est difficile d'y échapper.

Tout s'organise pour que les Occidentaux, qui ont toutes les ressources nécessaires à changer le monde, n'ait plus une seule minute de silence, plus un seul moment pour réfléchir, et plus important encore, pour écouter leur coeur.

Je pleure.

Je pleure le nouveau iPad, les téléviseurs géants qui remplissent d'un seul coup le salon (moins d'art, moins de craques, de peinture qui s'effrite, d'insectes qui grimpent, de vie), les quatre ordinateurs par foyer, les cellulaires, les DVD dans les voitures (mon fils a eu ses plus belles réflexions en regardant simplement par la fenêtre), les ordinateurs portables, le iPhone, le bluetooth, les innombrables consoles de jeux (particulièrement celles portables, comme les DS, qui privent les enfants d'apprentissages précieux quand maman fait l'épicerie, quand ils attendent chez le médecin, quand ils sont dans l'autobus scolaire), toutes les émissions et DVD pour les bébés de 0-1 an (vous pouvez continuer la liste pour moi...).

Et quand j'entends: «L'attente est moins longue à l'aéroport!» je me demande pourquoi vous ne parlez pas à votre voisin humain, pourquoi vous n'en profitez pas pour méditer un peu, pour regarder autour de vous et vous demander: «Mais où s'en va le monde? Mais pourquoi est-ce que je m'en vais en République, alors que l'autre moitié de l'île vit des drames tellement graves et profonds qu'il est difficile d'en comprendre l'ampleur?»

Mais non.

On regarde son iPad pour avoir les dernières nouvelles à propos de la Coupe du monde en Afrique, pays qui va tellement bien, on le sait, que le gouvernement canadien refuse de laisser entrer des délégués africains invités à l'assemblée annuelle de l'Union francophone des aveugles, de peur qu'ils ne retournent plus d'où ils viennent à la fin de la rencontre.

Parce que même les yeux fermés, on se rend compte très vite de l'inégalité injuste et inacceptable entre l'Amérique du Nord et l'Afrique.