Dans sa défense d'une position partagée par les «purs et durs» de son Église, mais opposée à une forte majorité au Québec et ailleurs au Canada, Marc Ouellet essaie de nous rappeler «la norme morale objective». Voilà déjà l'arrogance et l'incohérence de son argument. La moralité n'est pas objective!

Dans sa défense d'une position partagée par les «purs et durs» de son Église, mais opposée à une forte majorité au Québec et ailleurs au Canada, Marc Ouellet essaie de nous rappeler «la norme morale objective». Voilà déjà l'arrogance et l'incohérence de son argument. La moralité n'est pas objective!

Quant aux droits des «femmes en détresse à cause d'une grossesse inattendue», est-ce que le cardinal Ouellet les accompagne «avec compassion et solidarité» si leur choix est de mettre un terme à une grossesse non désirée?

M. Ouellet parle de son «souci de la santé physique, psychologique et spirituelle de la femme en difficulté» mais, dans la vraie vie, son Église vient d'excommunier, à Phoenix en Arizona, une soeur qui est administratrice d'un hôpital sous l'égide du diocèse catholique parce que, en tant que membre du comité d'éthique, elle a approuvé la demande d'avortement d'une femme de 27 ans qui risquait de mourir si elle menait sa grossesse à terme.

Bien sûr, l'Église catholique ne voulait pas que la femme meure et que son mari soit veuf et que ses quatre enfants perdent leur mère, mais si c'était la conséquence d'un geste posé pour protéger «l'innocent» dont parle M. Ouellet, eh bien! tant pis. La «norme morale objective» oblige.

N'oublions jamais une chose: l'Église catholique s'oppose non seulement à l'avortement, mais également à tous les moyens de contraception «artificiels». Cependant, un couple catholique marié, heureux, épanoui, qui produit deux, trois enfants au cours de leurs années fertiles aura empêché cinq, 10, 15 enfants à naître. Si toute vie est sacrée, il faudrait protéger la «vie» de chaque spermatozoïde et de chaque ovule. La conception n'est pas possible sans eux.

Mais s'il faut choisir entre la vie de tous ces spermatozoïdes, ovules, foetus et embryons, et celle de femmes enceintes en détresse pour quelle que soit la raison, ma norme morale subjective me dit de défendre les choix, les droits et la dignité des femmes.