Après avoir écrit ces lignes, j'ai finalisé ma préparation pour l'examen que l'on m'a souvent décrit comme le plus important de mon parcours secondaire. Jeudi, comme tous les élèves du Québec, j'ai subi l'épreuve uniforme de français du ministère de l'Éducation, laquelle devait traiter de l'engagement. Je conçois le fait de s'engager comme plus vaste que l'action bénévole. Pour moi, s'engager, c'est aussi se tenir à l'affût et se positionner sur un large éventail de questions sociétales. Voilà pourquoi je prends le temps de dévier de ma tâche pour réagir à un article paru cette semaine dans La Presse.

Après avoir écrit ces lignes, j'ai finalisé ma préparation pour l'examen que l'on m'a souvent décrit comme le plus important de mon parcours secondaire. Jeudi, comme tous les élèves du Québec, j'ai subi l'épreuve uniforme de français du ministère de l'Éducation, laquelle devait traiter de l'engagement. Je conçois le fait de s'engager comme plus vaste que l'action bénévole. Pour moi, s'engager, c'est aussi se tenir à l'affût et se positionner sur un large éventail de questions sociétales. Voilà pourquoi je prends le temps de dévier de ma tâche pour réagir à un article paru cette semaine dans La Presse.

À la lecture dudit article, il y aurait presque lieu de croire à un complot orchestré par les «vils fonctionnaires du savoir», visant à ce que la première cohorte d'élèves de la réforme, dont je fais partie, ait l'air de réussir davantage que ses prédécesseurs. Les élèves de l'âge d'or de l'éducation, la préréforme, devaient obligatoirement appuyer leur argumentaire sur deux preuves. Ce n'est plus le cas. La structure a été assouplie. De surcroît, on dénonce encore une fois le «nivellement par le bas», la «pédale douce pour les enfants de la réforme».

Ce que l'on ne dit pas, toutefois, c'est que pour préparer les élèves à l'ancienne épreuve, on leur enseignait à écrire des textes d'argumentation sous la forme d'une recette, d'un moule fade et préconçu. Un marqueur de relation pour commencer le paragraphe, un rappel de la thèse, une preuve, un procédé d'étayage, un autre marqueur de relation et une conclusion. Ce que l'article décrit comme une argumentation particulièrement étoffée et organisée de façon efficace, je le vois comme de l'«écriture à numéro».

Est-ce là le nivellement par le bas pondu pour faciliter la tâche à ceux qu'on dit les cancres de la réforme? Est-ce le fait de demander aux élèves de faire des liens personnels et de défendre leur opinion selon une organisation qui leur est propre qui irrite tant?

Suzanne Chartrand, professeure de didactique du français à l'Université Laval, écrivait ce matin tout son découragement face à ce qu'elle qualifie de stratégie politique. «Former un citoyen critique, c'est important. Mais le ministère a décidé, sans nous consulter, d'éliminer l'argumentation», explique-t-elle. Certes, je ne suis pas pédagogue, mais j'aurais cru que le fait d'encourager les élèves à se départir d'un vieux carcan imposé allait justement dans le sens de la formation de citoyens critiques.

En somme, il faudrait croire que la réforme nous a si mal préparés, mes collègues et moi, à notre entrée au cégep que notre échec y est déjà planifié. En attendant ce jour funeste, je considère, au moins, que ce que je viens d'écrire m'a bien préparé à mon examen de jeudi...