J'écris ces mots à chaud au sortir de la messe dominicale. En fait, j'ai quitté après le sermon, avant la communion, dégoûté, mon intelligence trahie par un apostolat corrompu. En cette église italienne de Montréal, le curé nous a prêché une énième défilade en réaction aux torts de notre institution qui ont fini malgré elle par filtrer au grand jour. Non seulement notre curé a-t-il encore une fois contesté la réalité des témoignages offerts par de courageuses et vulnérables victimes, mais il a ajouté ces mots accusateurs, doublement pesés en italien et en anglais: «Accuser un membre du clergé revient à accuser Jésus lui-même.» Ces mots ont tourné dans mon esprit comme une tempête. Me suis-je dit: « Donc, dans cette logique, lorsqu'un prêtre sodomise un enfant qui lui est soumis, c'est Jésus lui-même qui commet l'odieux...» Un pacte de foi a éclaté en moi. Du doute déjà installé, je suis passé au renoncement total. Le phare moral que mon Église offrait s'est effondré avec fracas, miné par des années d'hypocrisie que j'ai tenté tant bien que mal d'excuser, de pardonner. Force m'est de constater que l'heure n'est plus au pardon, mais à l'abandon. La mission des apôtres des Églises d'aujourd'hui est de maintenir l'Institution coûte que coûte, pas d'offrir le modèle de compassion que j'ai moi-même incorporé dans mon quotidien. Leur apostolat corrompu a mené à l'accomplissement de mon apostasie.