C'est pas vraiment que je n'aime pas ça, c'est juste que je ne comprends foutre rien depuis 1983. Le dernier truc que j'ai compris de Star Wars, c'est qu'un moment donné, Darth Vader, avec sa voix de répartiteur de taxi des années 70, dit à Luke: «Je suis ton père!»

Ah ben torrieu.

C'est comme quand le caporal Marchessault, chef de l'escouade antidrogue, avait été arrêté pour trafic de stupéfiants... Tu peux pas croire ça...

Après, c'est la confusion la plus complète.

Déjà, ils ont commencé à l'épisode IV. Tout le monde trouve ça normal!

Et là, ils nous fourguent une nouvelle trilogie qui se passe avant la première... Personne ne proteste. Moi non plus, remarquez bien, je vous confie des choses très personnelles, là. Quelle honte, mesdames et messieurs, la honte de l'élève qui n'ose pas lever la main de peur d'être le seul à être largué...

Aussi, entre la première et la deuxième trilogie, il s'est passé deux choses. D'abord, j'ai eu trois enfants. La paternité en série, je ne vous apprends rien, ça rogne sur vos heures de sommeil.

La deuxième chose qui est arrivée dans cet intervalle, c'est que les bancs de cinéma sont devenus confortables.

Or, au début des années 2000, pour peu qu'on me donnât 15 minutes, un coin de béton armé raboteux pouvait m'être un lit douillet. Pensez un peu avec quelle volupté je me vautrais dans le sommeil chaque fois que nous allions en famille au cinéma. Tu résistes un peu... Tu t'accroches à l'histoire... Au bout d'un moment, tu t'abandonnes totalement... Aaaaaah...

Mes enfants en sont encore insultés à ce jour.

Je ne sais pas comment finissent la plupart des films pour enfants. Dans Histoire de jouets II, il arrive quoi du soldat en plastique? Aucune idée.

Comment voulez-vous que je m'y retrouve avec un déficit de trois blocs de 45 minutes d'une histoire que je sais plus si elle avance ou si elle recule, plus absconse que la formule de la péréquation, avec des personnages aux noms de roman russe qu'on aurait traduit en kirghize...

* * * * *

Ah et puis en plus, bon, c'est même pas vrai ce que je disais tantôt.

J'aime pas vraiment ça.

En fait, j'aime pas ça du tout.

La science-fiction m'ennuie, vous n'avez pas idée. Toute histoire en apesanteur me pèse.

J'aime la science, j'aime la fiction. Tu mets les deux ensemble? Je décroche. Y a des mystères comme ça. J'aime les portes. J'aime les journaux. J'aime pas les porte-journaux. En revanche, moi qui n'aime ni la chasse ni les moustiques, je n'ai aucun problème avec le chasse-moustique.

Star Trek avec ses personnages habillés en fortrel jaune moutarde qui se téléportaient au diable vauvert... Cosmos 1999, qui nous projetait, comme son nom l'indique, vers une année presque imaginaire, aussi loin de nous qu'Alpha du Centaure... Tous ces gens perdus aux confins d'un Univers en expansion dans des aéronefs pleins de pitons qui ne sont pas foutus de rentrer à la maison, ballotés d'une nébuleuse à l'autre, semaine après semaine... Maudit que c'est plate.

(Quelle angoisse surtout!)

En 77, c'est vrai, le premier Star Wars a été un émerveillement. C'est encore regardable, même. Faut dire que tout ce qu'on connaissait des effets spéciaux, c'était le requin mécanique de Jaws et la course au ralenti de L'Homme de six millions de dollars auquel je préférais nettement La Femme bionique.

Même Silvester Stallone a arrêté de faire des Rocky après six, c'est dire.