Il y avait jadis une coalition souverainiste qui s'appelait le Parti québécois.

On en voit maintenant qui le quittent, parlent de créer un nouveau parti et... de former une coalition.

Pourquoi faire simple quand on peut se compliquer la vie?

Après trois semaines de démissions et de discussions stratégiques, les péquisteries printanières donnent leurs fruits amers. Le parti s'effondre à vue d'oeil.

Depuis un mois seulement, les libéraux sont passés de 23% à 35% dans les intentions de vote, tandis que le PQ, qui menait par 9 points, est maintenant 6 points derrière le PLQ.

En février, seulement 13% des Québécois estimaient que Jean Charest était la meilleure personne pour occuper le poste de premier ministre. Pauline Marois le devançait par sept points. M. Charest a maintenant un meilleur résultat que Pauline Marois en février.

N'allez pas me dire que c'est le Plan Nord qui a sauvé le premier ministre!

Non, c'est le PQ lui-même qui a fait le travail. Il s'est montré plus chicanier et chaotique que jamais. Et certains de ses membres les plus éminents ont dit à tout le monde que Pauline Marois n'est pas digne de confiance et manque d'éthique. Et ce, quand le gouvernement Charest est rongé par une crise d'éthique depuis deux ans!

Jean Charest n'a pas eu grand-chose à faire...

Si au moins on lisait une cohérence quelconque. L'un veut plus de conviction indépendantiste, l'autre moins, un troisième se dit «en réflexion»...

Et les tentatives de réparation ne font qu'empirer la situation. La pathétique lettre des «jeunes députés» à Jacques Parizeau, présumé inspirateur des quatre premiers démissionnaires, a provoqué une réplique cinglante de l'ancien premier ministre. Pauline Marois en appelle à l'unité, Bernard Landry vient lui faire la leçon gravement.

Hier, François Gendron, député d'Abitibi-Ouest depuis 1976, a ridiculisé les motifs des démissionnaires. Ils sont partis pour «un petit mal de ventre», a-t-il dit. Dans un parti, on doit mettre son ego de côté pour la cause commune - une allusion claire à Pierre Curzi.

Il a bien raison: faire éclater le PQ en divers partis pour... se coaliser? Drôle d'idée, en effet.

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Pendant ce temps, le taux de satisfaction envers le gouvernement Charest est passé du plancher des 20% en mars à 32% en juin. Rien pour déclencher des élections anticipées. Mais ce sont 12 points gratuits, donnés par les péquistes. Et pas parce que l'option souverainiste est en chute libre. Elle est à peu près stable depuis plusieurs mois.

Non, vraiment, à un an et demi d'une probable échéance électorale, c'est un acte d'automutilation politique inédit.

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L'autre grande évidence dans ce sondage, et qui n'a pas de quoi réjouir les libéraux, c'est la soif d'une option nouvelle.

Elle s'appelle François Legault. Et la soif est si grande que 50% des répondants qui disent appuyer Québec solidaire se disent aussi prêts à voter pour son futur parti...

Passons sur la cohérence idéologique: ceux qui ont élu le NPD étaient en partie péquistes, en partie adéquistes, en partie libéraux. Le sondage indique d'ailleurs que le NPD est encore plus populaire aujourd'hui que le 2 mai!

Quoi qu'il en soit, cet enthousiasme pour une nouvelle vague politique plus «positive» semble transférable à François Legault.

Ce n'est encore qu'une hypothèse politique et il faut donc être prudent. Mais même sans parti, même sans candidat, il récolte 40% des intentions de vote, loin devant les libéraux, bouffant carrément l'électorat adéquiste et allant chercher le tiers des votes péquistes. La moitié de ceux qui ont voté NPD se disent prêts à voter pour lui. On voit que le vote orange n'était pas un vote de gauche et que François Legault ratisse bien au-delà de la droite.

Il y a un mois, François Legault ne récoltait que 26% des intentions de vote. Et on ne peut pas dire qu'il se soit multiplié à l'infini en présences médiatiques.

Pas besoin: le PQ fait tout le travail.

L'ironie, c'est que sa présence menaçante est une des causes de l'implosion péquiste. Et cette implosion lui profite formidablement...

Les élections sont bien loin, c'est vrai. Mais on cherche en vain des exemples plus spectaculaires d'automutilation politique.

Il faudrait étendre ce parti sur un divan.

À moins que ce ne soit exactement le contraire. Peut-être devrait-il faire de toute urgence une pause dans sa thérapie de groupe à ciel ouvert.