Le retrait temporaire de Jacques Duchesneau est la nouvelle la plus grave de la semaine. Pas à cause du faux scandale. À cause de ce qu'on est en train d'en faire. Ça sent la manoeuvre de déstabilisation de son unité anticollusion.

M. Duchesneau, ex-chef de police de Montréal, candidat déçu à la mairie, dirige depuis un an une unité pour lutter contre les manoeuvres frauduleuses et de collusion dans les contrats du ministère des Transports.

 

On l'a associé cette semaine à une violation à la loi électorale. Il a accepté de se retirer pendant qu'on enquête sur cette vieille histoire qui n'en est pas une. Et le voici maintenant mis au rang des corrompus. Hier, le Journal de Montréal a mis sa photo en première page à côté de celles du maire de Laval et de trois autres maires. «Les allégations de corruption les forcent à se retirer», pouvait-on lire.

Gilles Vaillancourt et Jacques Duchesneau dans le même paquet! Bravo!

Même si l'histoire sortie cette semaine par TVA au sujet de la campagne électorale de Jacques Duchesneau en 1998 est vraie, ce n'est en aucun cas une affaire de corruption. Ça ne concerne même pas le financement de la campagne. Il s'agit des modalités de remboursement de la dette de 180 000$ accumulée par le parti de Duchesneau pendant la campagne.

Plutôt que de faire faillite, le parti a remboursé ses dettes. Mais il fallait garantir cette dette et 18 personnes se sont portées garantes du parti pour 10 000$ chacune. Certains disent ne pas avoir prêté leur nom vraiment et soutiennent donc avoir été des «prête-noms». Mais aucun n'a donné un cent! Zéro. Je répète: aucun rapport avec la collecte de fonds, occultes ou pas. C'était simplement pour avoir le soutien de la banque en attendant de rembourser la dette, ce qui fut fait quatre ans plus tard.

Cela n'a rien à voir avec les prête-noms qui servent à faire du financement corporatif déguisé. C'est du même type que l'endossement de prêt de 240 000$ que Louise Harel a fait après la dernière campagne électorale à Montréal. Elle n'avait pas le droit de le faire, et s'en est excusée, mais ce n'est nullement une fraude, encore moins de la corruption. Au contraire, c'est une façon d'assumer ses dettes! Pure infraction technique dans le pire des cas.

Alors rien de rien ne permet, de près ou de loin, d'associer l'ancien chef de police au mot «corruption». C'est d'une bêtise totale. Si on se met à utiliser ce mot à toutes les sauces, il ne voudra plus rien dire.

Mais le pire, c'est le discrédit que certains tentent de jeter sur l'homme, au moment précis où il chatouille quelques gros bonnets.

J'ai suivi une bonne partie de la carrière de Jacques Duchesneau, le policier et le bref homme politique. C'est un homme droit qui a passé toute sa carrière à lutter contre le crime organisé à la police. C'est lui le premier qui a osé parler publiquement du cartel des entrepreneurs qui se partagent les contrats à la Ville de Montréal.

Alors, celui qui veut l'associer à une illégalité est mieux de se lever de bonne heure et avoir du sérieux à présenter. Ce qu'on a sorti jusqu'ici, c'est du vent.

En ce moment, ça ressemble exactement à ce que Le Devoir en a dit hier: son escouade a visité plusieurs gros bonnets de la construction, elle dérange pas mal de monde et ils sont nombreux à vouloir lui «faire la job». Oui, job de bras. S'agissant de la construction, l'expression s'applique à merveille.

Nos sources avancent que la surveillance des chantiers par l'unité anticollusion a permis d'économiser plus de 300 millions. Il doit se passer quelque chose...

N'allons pas penser que les grands magouilleurs vont se tourner les pouces tandis qu'on attaque les systèmes qui les ont si bien servis. La contre-offensive s'en vient.

La partie, mesdames et messieurs, vient tout juste de commencer.

Raison de plus pour espérer que Jacques Duchesneau ne se laissera pas faire.

Le Québec a besoin de gens comme lui en ce moment.