Pour redonner vie aux alentours du stade, il faut se le réapproprier. Et pour faire ça, il faut lui redonner une vocation sportive. Ça tombe bien, on est obligé de remplacer le toit de toute urgence.

C'est donc notre dernière chance cette année de rejeter l'idée absurde de la RIO de boucher pour l'éternité ce stade mal aimé.

 

Quelle ironie de voir le premier ministre du Québec plaider pour la tenue de Jeux olympiques d'hiver à Québec pendant qu'on menace de tuer pour de bon le Stade olympique!

À quoi servent les «grands événements» s'ils ne laissent derrière eux que des dépenses et des images vite oubliées dans les télés du monde, un monde déjà gavé d'événements et de grandes villes?

On se demande ces jours-ci comment financer un nouvel amphithéâtre dans la Vieille capitale, faire un anneau de glace, aménager les montagnes, enfin tout ce qu'il faut d'infrastructures pour des JO... Et pendant qu'on se creuse la tête pour 2022, on est sur le point de détruire pour de bon la vocation sportive du Stade olympique qu'on a déjà.

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Depuis l'automne, Lavalin attend que le Conseil des ministres donne le feu vert à la construction de son toit fixe en acier. Un truc de plus de 300 millions.

C'est en effet ce qu'a commandé la Régie des installations olympiques, qui a renoncé depuis longtemps à l'idée de redonner la lumière naturelle au Stade. Or, un stade fermé, en plus d'être déprimant, ne peut accueillir toute une série de compétitions, notamment l'athlétisme. Ce n'est plus un stade.

La bonne nouvelle, c'est que Québec laisse traîner et ne se résout pas à engloutir autant d'argent pour faire du Stade un vulgaire centre de foire. D'où ces appels d'urgence vus récemment dans les médias: la toile actuelle se fissure sans arrêt, il faut l'entretenir, ça coûte cher, ça limite l'utilisation du Stade, etc.

Mais il existe d'autres options, dont une particulièrement ingénieuse conçue par François Delaney, qui consiste à installer un toit d'acier amovible, indépendant de la structure du Stade - j'en ai parlé l'automne dernier. Des ingénieurs et des constructeurs de stades approuvent cette idée, la disent faisable et sont prêts à la mettre en oeuvre. Ce n'est sans doute pas la seule, mais on voit qu'il y a autre chose à faire avec ce stade que ce qu'ont décidé les gens de la RIO.

Québec doit donc absolument donner une dernière chance à ce stade avant de le fermer à triple tour. Il faut annuler cet appel d'offres, en refaire un nouveau et faire en sorte que le Stade olympique de Montréal ne soit pas le seul au monde où il est interdit de tenir une compétition d'athlétisme parce qu'il n'est pas à ciel ouvert. On ne pourrait pas y organiser les jeux du Commonwealth ni les Jeux panaméricains, même pas ceux du Canada.

On n'aurait évidemment réglé aucun problème urbain ou urbanistique. Mais ce serait une sorte de premier pas. Une manière de réhabilitation de cette installation qui a coûté si cher et qui est au milieu de l'île comme le nez au milieu du visage, mais qu'on ne veut pas voir et dont on ne parle qu'avec dérision.

Après la réhabilitation, pourquoi pas, la réconciliation. On pourrait même se surprendre à lui trouver de la beauté.

Et qui sait si cet objet étrange ne deviendra pas un jour, un jour pas si lointain même, un aimant?

Tant mieux si des gens comme ceux du GREF rêvent encore de mettre en valeur les environs du Stade.

Le moment est à la fois critique et parfaitement choisi pour passer à l'action et réinventer ce stade, ou plutôt lui redonner un minimum d'intégrité.

 

Le Parc olympique en chiffres

Coût: 1,4 milliard (remboursement terminé en 2006)

Comprend: le Stade, le Vélodrome (devenu le Biodôme), l'Insectarium, le Jardin botanique et, depuis 2008, le stade Saputo.

Visiteurs: 66 millions au Stade depuis son ouverture, huit millions à la Tour depuis 1987.

Revenus: 18,6 millions par année en moyenne.

Coûts (estimés): 34 millions

Élévation de la tour au-dessus du niveau de la mer: 190 mètres

La plus grande assistance: concert de Pink Floyd en 1977 (78 322 personnes)

Coûts estimés de la démolition du Stade: 700 millions. Selon un sondage Léger Marketing réalisé en mars 2009, 95% des Québécois y seraient opposés.

- Source: Régie des installations olympiques