Ce qu'il fallait à Tiger Woods, c'était de transformer cette histoire de sexe en une histoire de résurrection. Il a réussi.

Tout le monde sportif aujourd'hui parlera du retour réussi du meilleur golfeur du monde. Quatrième au Masters, ce n'est pas rien.

Il n'y a rien qu'on adore comme les histoires de morts qui arrêtent de l'être, et le monde du sport nous en fournit de fulgurantes.

Mais Tiger Woods n'a pas pris sa retraite pendant quatre ans, comme Lance Armstrong -qui, en outre, avait survécu à un cancer. Il n'a pas renoué avec son sport après avoir touché la mort du doigt, comme Mario Lemieux ou Saku Koivu. Il n'a pas reconquis son titre après avoir été emprisonné pour avoir refusé d'aller à la guerre, comme Mohammed Ali.

Ce n'est toujours bien qu'un joueur de golf qui n'a pas fait de tournoi pendant l'hiver. On a déjà vu plus déchirant comme histoire de come-back kid sportif...

Que lui est-il arrivé, au juste? Fin novembre, on apprend après un étrange accident d'auto qu'il a plus de maîtresses que de victoires sur le circuit de la PGA. Deux semaines plus tard, en décembre, il nous annonce qu'il cesse toutes ses activités golfiques pour une période indéterminée. Question de mourir à cette vie de vice.

Ohhhh... Période indéterminée... Consternation dans les vestiaires pour hommes. Reviendra-t-il, reviendra-t-il pas? Combien de saisons manquera-t-il?

Et comme un crocus au mois de mars, pop, Tiger Woods annonce son retour. Wow! Quand? Au premier tournoi majeur de l'année, en fait, celui qui annonce le début de la saison pour les amateurs. On ne peut pas dire qu'il s'est puni très longtemps. C'est peut-être vrai, finalement, que la compulsion sexuelle n'est pas une maladie.

Un publicitaire a compris qu'il fallait commencer par tuer Tiger Woods avant de le faire renaître. Ressusciter en trois jours n'est pas à la portée du premier chrétien, mais trois mois? Ça vaut la peine d'essayer.

Woods a donc fait une toute petite croix sur le golf et s'est installé lui-même dessus -la croix. Il a dit «ouille, ça fait mal» devant les caméras. Il a rangé sa croix dans le sous-sol -on ne sait jamais, ça peut servir. Et il est entré dans une grotte.

Quand l'hiver a pris fin, il a poussé la roche, il est ressorti et a annoncé sa résurrection officielle juste après Pâques.

Ce publicitaire a poussé le cynisme jusqu'à faire descendre du Ciel le père de Woods en utilisant sa voix dans une publicité de Nike, la semaine dernière. Le Père et le Fils réunis par-delà la mort par la grâce du Saint-Esprit de la publicité.

Si vous voulez mon avis, Tiger Woods n'en a pas tout à fait fini avec la prostitution. Mais laissons cela.

Observons plutôt la manoeuvre. Cette mécanique de la résurrection programmée, annoncée et accomplie frise la perfection. Tellement que c'en est diabolique.LE SECRET DE RAHIM JAFFER - Le Toronto Star nous a appris la semaine dernière les drôles de fréquentations de l'ancien député Rahim Jaffer avec un homme d'affaires louche accusé de fraude, Nazim Gillani.

Le soir de son arrestation pour conduite en état d'ébriété et possession de cocaïne, l'an dernier, Jaffer avait passé une soirée bien arrosée avec Gillani, des hommes d'affaires et quelques filles vaguement escortes.

Jaffer, apparemment, faisait croire aux chercheurs de subventions qu'il avait ses entrées au bureau du premier ministre, même s'il n'était plus député depuis 2008 (le mois dernier, j'ai écrit par erreur qu'il était encore député lors de son arrestation en 2009). Jaffer se servait aussi du nom de sa femme, la ministre Helena Guergis... qui a démissionné vendredi sous un nuage d'allégations - une enquête de la GRC est ouverte.

On ne nous a pas encore expliqué pourquoi les accusations criminelles ont été abandonnées contre Jaffer, qui n'a payé que 500$ pour une infraction routière. Pas de chance raisonnable de condamnation, s'est contentée de dire la procureure ontarienne. Certains ont allégué, sans preuve, des influences politiques. D'autres ont énoncé l'hypothèse que Jaffer ait accepté de témoigner contre Gillani, ce qu'a nié son avocat.

Mais pendant que les aventures du couple Jaffer-Guergis se compliquent à un degré de mauvaise télésérie, il devient encore plus évident que le secret judiciaire entourant le règlement de l'affaire Jaffer n'a pas de sens et seulement des effets pervers. Comme d'habitude.