Ils étaient trois enfants de 9, 10 ans, à la sortie de leur école de banlieue.

Il y a un pays, dit l'un, où les gens sont tellement pauvres, et puis les parents prennent de l'alcool et de la drogue, alors ils ne peuvent pas s'occuper de leurs enfants, puis les enfants sont dehors toute la journée, même des petits enfants, là...

- Hein! Mais personne va les chercher?

- Non, parce que c'est un pays tellement pauvre qu'il n'y a aucune place où aller... Ça fait qu'ils restent dehors...

- Hein...

Je me suis approché pour me mêler à la conversation. Tu sais comment il s'appelle, ce pays-là?

- Je ne me souviens plus...

- C'est le Canada.

- Hein? Non, non, c'était autre chose...

Il avait raison. Le Nunavik, c'est bien autre chose. Mais c'est le Grand Nord du Québec: 11 000 personnes dans 14 villages sur un territoire d'un demi-million de kilomètres carrés.

Sans doute leur prof leur avait-il parlé du texte d'Agnès Gruda de la semaine dernière. Déjà tragique, la situation des enfants du Nunavik se dégrade encore. La protection de la jeunesse est au bord de l'implosion. Manque de personnel, manque de tout pour simplement traiter les appels d'urgence ou savoir où placer ces enfants de la rue et de l'extrême négligence.

Non, vraiment, ce doit être un autre pays, n'est-ce pas? Avec un nom qui sonne drôle et lointain. Si c'est au Canada, c'est un secret. Une grande honte secrète.

Bravo Louis Leblanc

Quand je pense au Nunavik, je pense à Joé Juneau, cet ancien joueur de hockey qui y a implanté un programme de persévérance scolaire pour les jeunes Inuits basé sur le hockey.

Juneau a aussi ceci de très particulier: il a terminé un cours d'ingénieur à la prestigieuse école polytechnique Rensselaer, ce qui ne l'a pas empêché de jouer dans la Ligue nationale ensuite.

Comme on sait, il est très mal vu de poursuivre des études de haut niveau tout en prétendant être un «vrai» joueur de hockey.

Témoin Louis Leblanc, premier choix au repêchage du Canadien de Montréal, qui n'a pas été retenu pour jouer dans l'équipe junior canadienne cette année.

Imaginez-vous que Leblanc se mêle d'étudier à Harvard. Non, mais va falloir qu'y choisisse, ont dit furieusement plusieurs commentateurs sportifs: le hockey ou Harvard?

On a mis sur le dos du programme universitaire américain sa non-sélection. A-t-il été blessé au poignet? Excuse! Il n'avait joué que neuf parties cette saison, contre 40 pour ceux de la LHJMQ. En plus, il devait passer des examens pendant le camp de repêchage. Pas sérieux, tout ça!

Il fallait entendre le ton des reportages de nos experts. Un mélange de sarcasme retenu et de satisfaction. Lire entre les lignes: t'as voulu faire le smatte à Harvard, bien fait pour ta gueule.

J'ai donc un conseil à tous les joueurs de hockey de haut niveau qui ont aussi du talent pour les études: cachez-vous! Si vous allez à Cornell, comme Joe Nieuwendyk, prétendez que c'est pour y fréquenter les bars de danseuses des environs. Si vous graduez de Harvard en économie, comme Don Sweeney, ne le dites pas, dites que vous faisiez l'administration du bordel de votre mère à Boston.

Si vous vous faites pincer, vous pourrez toujours dire que vous avez suivi le mauvais exemple de Tim Thomas et Martin St-Louis, qui ont étudié au Vermont, de Chris Drury, à Boston University, ou de Thomas Vanek, à celle du Minnesota, ou des 279 joueurs issus des universités américaines qui ont joué au moins un match dans la LNH en 2008-2009 (le tiers des joueurs).

D'ici là, bravo à Louis Leblanc. Il a choisi, au fait. Le hockey ET les études.

La violence

Son nom est secret mais la nouvelle archiconnue : un jeune de 17 ans de la LHJMQ a été condamné pour voies de fait armées. Il a frappé de son bâton en plein visage un adversaire qui refusait de se battre. L'autre joueur a eu une lacération au menton et subit encore des séquelles (la mâchoire craque, une dent est sensible).

La semaine dernière, le juge Jacques Nadeau lui a accordé une absolution inconditionnelle - ce qui évite un casier judiciaire - mais avec obligation de donner un échantillon d'ADN. Mon confrère Ronald King trouve que ce n'est pas assez sévère et m'interpelle.

Désolé, Ronald, je n'ai rien à redire sur cette sentence. Le plus important, à mes yeux, est qu'on n'ait pas laissé passer, qu'on ait poursuivi devant la Cour criminelle. En soi, c'est un puissant message. C'est une première condamnation d'un jeune qui a vécu dans une sous-culture permissive de la violence. Son affaire a été abondamment médiatisée. Le message est bien passé et c'est correct. Puisse ce message se rendre aux responsables, maintenant, si on les trouve...

C. difficile

Il y a sept ans, j'ai passé deux nuits près du plancher à veiller sur mon fils à l'hôpital Charles-LeMoyne. Ça m'a permis de voir qu'on ne l'avait pas lavé en deux jours. Ni la toilette. Tombé sur une mauvaise semaine, sans doute.

Mais tiens donc, voilà qu'on déplore 13 morts à cause du C. difficile depuis cet été dans ce même hôpital. Aucun rapport, j'en conviens, et peut-être encore la faute à pas de chance.

Mais vous souvient-il de cet hôpital de Saint-Hyacinthe, où 16 personnes étaient mortes en quelques mois du C. difficile? Conclusion de l'enquête: économies au chapitre de l'hygiène, mauvaise organisation.

J'ignore ce qu'on dira si l'on enquête à Charles-LeMoyne. Mais je vais vous confier un secret que plein de médecins sur la Rive-Sud chuchotent depuis plusieurs années: allez ailleurs si possible.

Pour joindre notre chroniqueur: yves.boisvert@lapresse.ca