Comment n'y avons-nous pas pensé plus tôt? La dernière idée pour sauver l'industrie des courses consiste à les abolir.

Considérez un peu le projet. On fermerait la piste de Blue Bonnets puisque, de toute manière, il n'y a pratiquement plus de courses depuis un an. Mais pour soutenir l'industrie, on construirait sur les lieux un minicasino avec 300 appareils de loterie vidéo et un salon de pari.

 

On en a fait, des folies, pour soutenir l'industrie (300 millions d'argent public depuis 20 ans). Mais celle-là les dépasse toutes. À moins qu'elle n'en soit que l'aboutissement logique, terminal: plus de chevaux. Mais un casino privé pour soutenir ceux qui les élèvent.

Le meilleur de deux mondes, en somme.

C'est surtout un plan de sauvetage d'Attractions hippiques, la firme du sénateur libéral Paul Massicotte, en fait. Comme on lui a offert le monopole de l'industrie au Québec, l'un ne va pas sans l'autre.

Pauvre industrie.

Voilà qu'après deux ans, l'homme à qui on avait donné les droits sur 1900 appareils de loterie vidéo au Québec et le contrôle des quatre pistes de course est au bord du gouffre financier. Il n'en fait fonctionner que 800, car le «Ludoplex» de la région de Montréal, qui devait en accueillir 1100, n'est toujours pas construit.

Il était en effet convenu de fermer l'ex-Blue Bonnets et de construire une nouvelle piste dans la région de Montréal. Mais M. Massicotte a oublié de vérifier si une ville voulait recevoir un nouvel hippodrome/casino. La mal nommée Attractions hippiques (car l'hippique n'est plus une attraction) n'avait pas de plan B, et à peine un plan A.

Ça s'appelle prendre un risque mal calculé. Mais il y a de ces hommes d'affaires qui veulent faire des affaires pourvu que tous les risques soient assumés par l'État. Rapidement, le sénateur s'est plaint de Québec, de Loto-Québec et de toutes les terribles injustices dont il est victime.

Pendant qu'il se démène en cour, on arrive donc avec cette nouvelle tentative de sauvetage comique.

Un autre groupe, soutenu par Serge Savard, veut que Québec vende les terrains de l'hippodrome et verse 50 millions pour construire une piste de course entre le pont Victoria et le pont Champlain.

On veut que le fun revienne à Montréal, dit M. Savard, connaisseur et amateur de chevaux qui a vécu les belles années de l'industrie, il y a 30 ans.

On veut bien que «le fun» revienne, mais pourquoi faut-il toujours que le fun des uns soit subventionné par tous les autres? Pouvez pas vous en construire un à vos frais, d'hippodrome, si c'est si «l'fun» que ça?

C'est Marvin Rotrand, conseiller de NDG, qui a raison: on n'a pas besoin d'un autre casino à Montréal. Il faut raser cet hippodrome au plus vite et construire des logements sur ces terrains, très bien situés.

Et que le sénateur se débrouille devant la Cour avec ce qu'il a acheté sans que personne lui torde le bras.

Poly politique?

J'ai beaucoup de difficulté avec l'idée que les meurtres d'un homme psychotique soient qualifiés de «politiques». Cela ressort des propos du réalisateur de Polytechnique, Denis Villeneuve, et c'est aussi le point de vue de ma collègue Marie-Claude Lortie - seule déléguée par La Presse avec le photographe Denis Courville, le soir du drame.

Je ne suis pas d'accord. Bien sûr, la folie s'incarne dans une cité donnée, c'est-à-dire un lieu et une époque. Elle en absorbe les tensions. Tout est politique, à la limite.

Mais le caporal Lortie a-t-il accompli un acte politique en allant tuer trois personnes à l'Assemblée nationale, il y a 25 ans? Thomas Brigham, qui a tué trois personnes en faisant sauter une bombe à la Gare centrale de Montréal, lors de la visite du pape, en 1984, a laissé une abondante documentation dénonçant Jean-Paul II. Son geste était-il politique? Religieux?

Il ne faut pas prendre au pied de la lettre les intentions déclarées du malade. Le discours morbide de Lépine avait les dehors de la rationalité. Il n'en était pas moins le fruit d'un malade profond, seul dans son délire meurtrier.

Il ne faut donc pas donner aux simagrées d'un fou trop de signification politique. Il me semble qu'on ne devrait pas convoquer au débat politique un malade mental, même pour lui donner tort, même pour le dénoncer.

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