Cette première session parlementaire de l'ère Couillard n'aura pas été très longue, mais elle aura permis d'en apprendre un peu plus sur le style du nouveau premier ministre et de jauger les forces en présence.

Contrairement à sa prédécesseure, Pauline Marois, qui avait multiplié les annonces dans les premières heures de son gouvernement, quitte à devoir reculer par la suite, M. Couillard n'a rien précipité. Il faut dire que contrairement à Mme Marois, le premier ministre libéral a le luxe du temps. Son plan de retour à l'équilibre budgétaire, puis de révision des programmes, nécessite temps, détermination et pédagogie. C'est peut-être sur ce dernier point que Philippe Couillard et son équipe ont gagné le plus de points en cette première session.

D'abord établir le diagnostic, puis prescrire un traitement progressif modéré au départ, plus rude au cours des prochaines années.

Philippe Couillard aura démontré, avec la composition de son Conseil des ministres, qu'il peut surprendre et faire preuve d'audace. Son premier discours inaugural, quoique trop long, trop verbeux, mettait clairement la table: les prochaines années seront difficiles, mais le Québec n'a pas le choix, selon M. Couillard. Il venait, du coup, de sonner le réveil des syndicats et autres groupes ou organismes visés par les futures réformes.

Suite à l'automne. Le gouvernement Couillard est en rodage pour le moment.

L'opposition

Pour l'opposition officielle, cette session aura marqué le début d'une longue convalescence. Traumatisés par la lourde défaite du 7 avril, les péquistes sont plus préoccupés en ce moment par l'avenir de leur propre parti que par l'avenir du Québec.

Heureusement pour le PQ, son caucus est composé de députés expérimentés dans les affaires publiques et aguerris dans les batailles politiques. Les députés péquistes peuvent s'inspirer d'Agnès Maltais, qui, elle, semble être retombée sur ses pieds à en juger par ses critiques à l'endroit de la ministre de la Sécurité publique, Lise Thériault.

Au cours des dernières semaines, on a souvent eu l'impression que l'opposition officielle était à la traîne, détrônée par la CAQ, en particulier sur les questions économiques. François Legault et son équipe ont su tirer parti du désarroi du PQ. Le chef de la CAQ est frustré de voir le gouvernement libéral reprendre quelques-unes de ses idées maîtresses de la dernière campagne, mais cela démontre, au moins, que son parti est «dans la game».

Quelques bons coups

1. Soins de fin de vie

Le meilleur coup de cette session, qui devait, selon le voeu de Philippe Couillard et de ses adversaires, se dérouler dans une atmosphère plus civilisée, aura été l'adoption de la Loi sur les soins de fin de vie (mourir dans la dignité).

Piloté dans le précédent gouvernement par la députée de Joliette, Véronique Hivon, ce projet est revenu au feuilleton intact et a été rapidement adopté par une majorité de députés.

Voyez, quand vous voulez, vous pouvez!

2. Le tandem Leitao-Coiteux

La tâche qui se dresse devant le ministre des Finances et son collègue président du Conseil du trésor est immense et ils ont su expliquer leur plan de match clairement. Le dépôt du budget n'était toutefois que la première étape d'une longue route et s'il bénéficie pour le moment de la chance au coureur, le tandem Leitao-Coiteux trouvera sur son chemin bien des opposants au cours de la prochaine année.

3. Françoise David, Mme Solidaire

Lors des conférences de presse du huis clos budgétaire, Françoise David et Manon Massé étaient les dernières à prendre la parole (ordre par importance à l'Assemblée nationale). C'est toutefois Mme David qui a le mieux su définir ses objections au budget et indiquer ce contre quoi elle se battra. Ou, plutôt pour qui elle se battra: les petites gens. Rien de surprenant, direz-vous, mais dans un Parlement où les trois autres partis penchent à droite, QS peut fort bien tirer son épingle du jeu. Les stratèges péquistes devraient prendre des notes.

Quelques mauvais coups

1. Orsainville: de la confusion dans l'air

Lise Thériault avait impressionné lors de son passage au Travail, dans le gouvernement Charest. Avec Philippe Couillard, elle a monté en grade, aux postes de ministre de la Sécurité publique et vice-première ministre, mais en ce début de mandat, c'est moins convaincant. Que trois détenus (soupçonnés d'entretenir des plans d'évasion) s'évaporent par un beau samedi en hélico, c'est déjà gênant, mais que le gouvernement ne soit pas capable de donner des explications claires, ça n'arrange rien!

Le premier ministre lui-même a ordonné une enquête sur cette affaire. Pourquoi, alors, Mme Thériault improvise-t-elle des explications lors de la période des questions ou devant les journalistes, au risque de devenir elle-même une cible de ce fiasco?

2. Le doigt d'honneur de Julie Boulet

Ce léger accroc aux bonnes manières parlementaires souhaitées par Philippe Couillard rappelle que la commission Charbonneau poursuit son travail et que cela dérange le PLQ.

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