Année riche en actualité et en rebondissements spectaculaires, année mouvementée sur la scène politique, surtout au Québec, 2012 aura été tout sauf ennuyante. Retour sur cette année mémorable, en 10 bons coups.

1- À tout seigneur, tout honneur (faudrait trouver une version féminine de ce dicton!), le meilleur coup de l'année revient à Pauline Marois, la «dame de béton», que plusieurs (dont moi, j'avoue) croyaient politiquement morte il y a un an. Elle a su non seulement affronter la tempête au Parti québécois, mais, en plus, elle est devenue la première femme élue premier ministre du Québec. Minoritaire, direz-vous. Vrai, mais même ça, c'est un petit miracle.

2 - La mobilisation étudiante (et ses nombreuses ramifications ailleurs dans la société), menée avec fougue, charisme et détermination par le trio Martine Desjardins, Gabriel Nadeau-Dubois et Léo Bureau-Blouin, a secoué le Québec comme rarement il a été secoué à une époque où on déplore trop souvent l'apathie de la population, en particulier chez les jeunes. Qu'on soit d'accord ou non avec ces leaders étudiants, ils ont redonné un sens au mot mobilisation.

3 - Le départ canon de la commission Charbonneau a rapidement convaincu les Québécois de l'ampleur du phénomène de la corruption dans le monde municipal et des liens entre le crime organisé et l'industrie de la construction. La fin abrupte de la première phase des travaux de la CEIC et l'étalage de noms sur la place publique en ont indisposé plus d'un, mais les témoignages-chocs de certains entrepreneurs, fonctionnaires et organisateurs politiques ont permis d'en apprendre un peu plus sur le fléau de la corruption. On attend la suite avec impatience (et appréhension!).

4 - L'arrivée surprise de Jacques Duchesneau dans les rangs de la Coalition avenir Québec (CAQ) de François Legault, dans les premiers jours de la campagne électorale, en août dernier, constitue sans contredit le meilleur coup de ce jeune parti (et un grand coup de marketing politique, point). La CAQ n'a peut-être pas obtenu le succès espéré aux élections, mais elle a imposé le thème de la lutte à la corruption en parachutant M. Net dans Saint-Jérôme. En prime, celui-ci a été élu, ce qui n'est pas le cas de tous les candidats-vedettes.

5 - La résilience du Parti libéral du Québec (PLQ), l'a-t-on assez dit, lui a permis, contre toute attente, de résister à la débâcle annoncée et de terminer deuxième aux élections du 4 septembre avec 50 sièges, soit seulement quatre de moins que le Parti québécois. La suite des choses, pour le PLQ, dépend en grande partie des travaux de la commission Charbonneau, mais il termine 2012 en bien meilleur état que ce qu'on aurait pu croire.

6 - Rare événement d'importance sur la scène fédérale, le passage de Mark Carney de la Banque du Canada à la Banque d'Angleterre a fait beaucoup de bruit sur la colline parlementaire à Ottawa. Certains le voyaient chef du Parti libéral du Canada ou président d'un grand organisme international, mais c'est plutôt à Londres que cette star de la haute finance (et chouchou des médias du ROC) poursuivra sa remarquable carrière.

7 - Il y a deux mois à peine, combien de Montréalais savaient qui était Michael Applebaum, maire de l'arrondissement de Côte-des-Neiges-Notre-Dame-de-Grâce depuis 10 ans, qui, par un concours de circonstances improbables, est devenu leur maire en novembre? Ses manoeuvres aussi expéditives qu'efficaces lui ont permis de se faufiler habilement jusqu'au bureau du maire, un poste qu'il pourrait être tenté de briguer aux élections de novembre, disent certains. À suivre...

8 - L'élection de Thomas Mulcair à la tête du Nouveau Parti démocratique (NPD) était, selon la grande majorité des observateurs, un choix logique, voire une évidence. Pourtant, le député d'Outremont a dû se battre contre une partie de l'establishment du NPD, qui doutait de ses convictions et qui critiquait ses états de service libéraux. Après avoir succédé à Jack Layton, en mars, M. Mulcair a toutefois su ressouder ce parti et mener l'opposition officielle à Ottawa. Ne manque plus qu'un plan de communication pour rendre le NPD plus visible, surtout au Québec, où il compte pourtant 58 députés.

9 - On aime ou on déteste Justin Trudeau, on le trouve inspirant ou insignifiant, c'est selon, mais le jeune homme ne laisse personne indifférent. Et malgré quelques pas de travers et certaines déclarations controversées en 2012, l'arrivée du député de Papineau dans la course à la direction du Parti libéral du Canada a redonné vie à cette formation mal en point depuis les élections de mai 2011. Il représente, pour le moment, le meilleur espoir des libéraux.

10 - On a beaucoup parlé des débuts laborieux du gouvernement Marois, mais deux nouveaux ministres, Bernard Drainville et Sylvain Gaudreault, se démarquent avantageusement du groupe. Le premier a fait adopter une nouvelle loi sur le financement des partis politiques à toute vapeur et à l'unanimité, le second dirige avec calme et doigté deux ministères au coeur de la tempête: Affaires municipales et Transports.

Joyeux Noël en retard!

Demain, les mauvais coups de 2012 et, samedi, les résolutions pour 2013 de nos politiciens.